lundi 19 avril 2010

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Ecologie animale

C'est une étude intéressante qui vient de paraître le 5 avril dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Selon des chercheurs de l'université du Maryland, la protection de certaines espèces animales se nourrissant d'insectes se nourrissant de plantes pouvant capter le carbone de l'atmosphère pourrait être un moyen simple et efficace de lutter contre l'effet de serre. Cette hypothèse se fonde sur une analyse de 113 études scientifiques où des oiseaux, des chauves-souris et des lézards ont été retirés d'habitats naturels sur quatre continents et montre l'effet positif de ces animaux sur la croissance des plantes. « La présence, l'abondance et la diversité des oiseaux, des chauves-souris et des lézards, les plus grands prédateurs d'insectes qui se nourrissent de feuillages, ont un impact sur la croissance des plantes. Sans plantes, il n'y a plus d'organismes qui captent le carbone. » a ainsi déclaré Daniel Gruner, co-auteur de l'étude. CQFD

jeudi 15 avril 2010

L'arracheur de dents

Victor Grandier. Le seul de toute cette affaire à être nommé. Détaillé, précisé, à en devenir absurde, démesuré et indescriptible, comme la pièce montée des Bovary. Les autres, à commencer par l'héroïne, n'ont pas de nom, ou des initiales, des tics interchangeables de satellites, des prétextes pour ciseler la statue du commandeur central. Victor Grandier, un psychothérapeute tellement spécial que personne ne connaît sa méthode, juste ses résultats : amour, gloire et beauté, à peu de choses près. Un petit prospectus de marabout à lui tout seul, mais en grand, en gros, en fort et avec une voix qui fait « oublier la dureté du monde » : quatre-vingts euros le quart d'heure, trente mille euros les trois semaines.

C'est donc « l'œil sec et le cœur cassé » qu'elle rentre chez lui, pour se faire soigner, remettre dans le droit chemin, après un deuil, un divorce et un adultère. Ses parents sont de ceux qui écoutent des récitals en appartement, les couverts bien en place aucun coude sur la table, et qui bannissent leur fille pour avoir découché. En Victor Grandier elle reconnaît « ces portraits de cour où la noblesse, l'orgueil et le prestige le disputent à la laideur ». Elle est en territoire connu, et se laissera happer jusqu'à la folie.

Avec l'Emprise, Sarah Chiche reste dans cette ambiance de maladies de riches déjà sublimement écrite dans l'Inachevée, son précédent et premier roman. Alors certes l'entourage de ceux qui se plaignent d'avoir « tout » et de n'être « rien », les trois semaines (minimum) à n'avoir que ça à foutre que de puiser dans un héritage tout chaud pour se payer un charlatan en platine aurait de quoi crisper. Mais comme dans les films d'horreur où l'on se dit au départ « quelle conne » quand la fille en jupettes poursuivie par le détraqué monte à l'étage au lieu de s'enfuir dans la rue ou d'appeler la police (sans concevoir qu'avec ce scénario, il n'y aurait pas de film), on finit par assister médusé à la descente aux enfers, littéralement parlant, d'un personnage dont on oublie très vite de se moquer.

Quand elle se met nue, se coupe de son entourage, omet de manger, fait tout ce que Victor Grandier lui ordonne y compris le supplier de l'humilier encore, on y croit, vissé sur sa chaise. A se demander jusqu'où, comment, pourquoi elle arrive à ne plus se rendre compte que rien n'a changé à part sa perception des choses, lessivée et induite en psychose par la force de Victor Grandier ; celui qui la regardait « comme si elle était quelqu'un ». Quand les fissures des murs crachent des monstres, quand elle voit son père mort, est hystérique, succube, possédée, on se demande quand tout cela va finir

Peine perdue. Au fil de somptueuses pages, aussi, sur l'injustice lancinante du deuil, des souvenirs qui ne reviendront plus, du passé en flou, mort à jamais, Sarah Chiche confirme sa maestria littéraire. Hypnotique


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Image : Devant une feuille de papier, Natacha Nikouline


dimanche 4 avril 2010

Citation

J'ai enfin réussi hier à arriver au bout des "épreuves" du Noir est une couleur, cela a été très dur, pliée en deux par les douleurs à ma table de cuisine, j'ai tout revécu ainsi, l'Allemagne, les Noirs, les Tziganes. j'ai noté quelques erreurs, minimes. Par contre, je suis stupéfaite de voir qu'on m'a enlevé, à chaque fois qu'il apparaissait, le mot "moi". Par exemple "moi je dis", "moi je pense", etc. Sabré, à chaque foi. Et pourtant, ce petit mot de colère ou d'émotion, qui servait simplement à m'affirmer, à insister, alors qu'on m'a tellement reniée, battue, violée, rejetée et j'en passe, tout au long de mes douloureuse et flamboyantes aventures, ce mot ne dérangeait personne. A part la "correctrice" qu'on m'a mise, comme je l'ai appris par téléphone. Cette "correctrice", à part sa volonté de défendre un français "épuré", qu'a-t-elle à voir avec mon "MOI" ? A-t-elle crevé de faim sous les coups, a-t-elle été pourchassée par les Flics ? S'est-elle prostituée, a-t-elle fait de la prison ? Je n'ai jamais "appris" à écrire, tout est resté "instinctif", le français académique et littéraire me reste étranger, inaccessible même, ayant raté mes études, je n'ai pas eu droit, comme mes sœurs, à l'université. Mes émotions restent à l'état "brut". C'est pourquoi mon vécu m'appartient, son expression aussi, au grand dommage des écoles.
Grisélidis Réal, Les Sphinx
(lettre du 23 janvier 2005)

jeudi 1 avril 2010

Hin hin hin hin

Si vous ne le saviez pas (oui, ma fréquentation augmente alors je soigne mon e-réputation en m'adressant directement à mon public, le gens aime ça), j'aime les hyènes. En priorité pour leur sens esthétique du bas du cul, mais aussi pour leur comportement particulièrement pervers. D'ailleurs à ce jeu-là je préfère encore les lycaons, célèbres dit-on pour dérouler les entrailles de leurs proies encore vivantes, à rebours et par l'anus.

(tu sais avec quoi c'est fait les fricadelles ?)

Bref. Ce n'est pas ce qui m'intéresse ici, mais cette étude menée par Nicolas Mathevon sur un clan de 17 hyènes tachetées vivant dans une réserve près de l'Université de Berkeley. Après les avoir attirées avec des morceaux de viande et d'os, les scientifiques ont enregistré 250 échantillons de rires hyéniens. Ces échantillons ont ensuite été analysés via des algorithmes informatiques définissant des séquences statistiques déterminées par spectrogrammes.

Et pour montrer quoi ? Que ces rires peuvent indiquer le sexe, l'âge et le statut social des hyènes qui les poussent, et sont un élément important de la hiérarchie hyénique, indiquant globalement qui aura le droit d'attaquer en premier le plus gros bout de barbaque.

Cerise sur le croupion, quelques exemples sonores ici.



Cui-Cui

Il paraît que le langage fait partie de ce qui nous rend humains, il s'agirait même d'une question de définition, et quelque chose que l'on saurait depuis le XVIème siècle (si je m'en souviens bien). Une équipe de chercheurs menés par Erich Jarvis et ayant travaillé sur le séquençage du génome du Diamant mandarin (Taeniopygia guttata), publié le 1er avril dans Nature, vient de trouver chez ce petit oiseau chanteur certains éléments expliquant les mécanismes du langage humain.

Ainsi, le système génétique régissant le chant de l'oiseau s'est-il révélé bien plus complexe que prévu : dans la partie de son cerveau contrôlant l'apprentissage, près de 5% des gènes sont régulés par l'action de chanter, et alors que les chercheurs pensaient y trouver une centaine de gènes, c'est plus de 800 gènes qui sont en réalité activés et désactivés par le chant (et pour Erich Jarvis, il y en aurait encore plus).

Quel rapport avec les humains ? Parce que le chant chez le diamant mandarin est affaire d'apprentissage : les bébés mâles apprennent à chanter avec leurs pères, un bon chant étant un gage de succès reproductif, puisque c'est sur ce critère que les femelles choisissent ceux avec qui elles s'accoupleront, et feront ainsi perdurer dans l'espèce les gènes des meilleurs chanteurs.

Globalement, ce génome ainsi décrypté permettra à d'autres chercheurs d'en apprendre davantage sur les gènes responsables du développement des circuits neuronaux pendant les périodes critiques de l'apprentissage, d'étudier l'effet des hormones sur le cerveau et le comportement, et de collecter des informations supplémentaires visant à asseoir un modèle des différences cérébrales liées au sexe – pendant leur développement juvénile, par exemple, les zones cérébrales dédiées à l'apprentissage du chant sont beaucoup plus atrophiées chez les femelles.

Le diamant mandarin est le second oiseau à voir son génome séquencé, le premier étant le poulet qui, s'il caquette ne communique pas via des capacités vocales acquises, et ne possède pas de zone prosencéphalique dédiée au chant.

Ces données pourraient au final aider à l'identification des origines génétiques et moléculaires des troubles du langage, y compris ceux liés à l'autisme, aux accidents vasculaires cérébraux, au bégaiement et à la maladie de Parkinson. Des résultats qui pourraient également avoir un impact sur la recherche sur la surdité et l'apprentissage des langues après une période critique.