mardi 20 novembre 2018

#Metoo ou la conversation impossible


En général, ces gens-là s’avancent vers moi la tête rentrée dans les épaules. Ils baissent les yeux et la voix, regardent alentour comme pour vérifier que personne ne les surveille et m'avouent tous à peu près la même chose : « je suis d'accord avec vous, mais je ne peux pas le dire ». Biais d'échantillonnage oblige, ces individus font surtout partie de l'intelligentsia. A priori, ils seraient donc non seulement capables de déployer une parole publique, mais aussi de le faire en prenant un maximum de liberté et un minimum de risques. Sauf que non, ils pètent de trouille et réfléchissent à deux fois avant d'exprimer ce qu'ils pensent. Quitte à se taire ou travestir leurs opinions pour ne pas s'attirer les foudres de tel agent de la police des idées patrouillant dans leur quotidien.

Je ne peux pas leur en vouloir. Ma parole étant elle aussi publique depuis une petite quinzaine d'années, j'ai eu tout le temps de m'habituer au caractère souvent clivant de mes propos. Mais je sais aussi que la véhémence de mes « contradicteurs » a considérablement augmenté. De fait, je viens de passer ces derniers mois à essuyer les menaces de mort, de viol, les moqueries sur mon élocution (je suis au début du spectre autistique, mais ça ne fait pas de moi un monstre) ou à constater que certains de mes « adversaires » estimaient fair-play de tenter me faire perdre l'un ou l'autre de mes moyens de subsistance. Un sort que je partage avec bien des rédactrices et signataires de la tribune « Des femmes libèrent une autre parole » publiée en ces colonnes le 9 janvier 2018. Soit une double logique de la punition et de l'intimidation à même de salement vous refroidir si jamais vous envisagiez de révéler au grand jour combien les immondes fragments de mon jus de crâne barbotant dans ce texte ont réussi à vous contaminer.

Visez un peu le crime ! En pleine « libération de la parole », nous voulions ouvrir un débat et ne pas laisser le monopole de la lutte contre les violences sexuelles à ceux qui, certes armés des meilleures intentions du monde et souvent marqués par une expérience personnelle traumatisante, se mettaient à démolir l’État de droit, recourir à la censure et assigner les femmes à un état d'impuissance permanent. Nous ne faisions que dire oui à la parole et oui à la justice, mais non à la vengeance et non à l’arbitraire. Non à l'irrationnel des imprécations, à l'affolement des paniques morales et à la toxicité des représailles collectives. Je crois qu'on a fait plus séditieux.

Dernièrement, il m'est aussi arrivé d'ouvrir grand les yeux dès qu'on louait mon courage en des termes largement mieux adaptés à un athée bloguant au Bangladesh ou un journaliste algérien voulant faire son travail durant la décennie noire. À la limite, peut-être ai-je été plus téméraire en prenant position pour les droits des personnes prostituées, le recours à des mères-porteuses, la disparition de la ménopause, la conception d'utérus artificiels, l'abrogation des lois de bioéthique ou la défense d'une liberté procréative totale impliquant le don ou la vente d'ovocytes (des engagements pour lesquels j'ai souvent été taxée de « féministe radicale » quand je serais désormais le bras armé de la réaction patriarcale, alors que je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir viré ma cuti). Or s'il est héroïque de défendre parmi les fondements les plus essentiels de nos démocraties libérales, si c'est cela le délit d'opinion du jour – le wrongthink comme on l'appelle dans l'anglosphère, soit littéralement la « mauvaise pensée » –, si c'est ainsi qu'on s'expose aux foudres des cerbères de notre « paysage intellectuel », alors c'est que notre civilisation est super mal barrée.

Tel est mon constat : un an après les premiers soubresauts de l'affaire Weinstein, le « débat public » n'a jamais été aussi précaire. Là où les architectes de la démocratie libérale prônaient la confrontation d'idées contraires comme l'une des conditions d'émergence de la vérité (John Stuart Mill), le discours aujourd'hui dominant semble faire des violences sexuelles un sujet trop sensible pour tolérer le dissensus, la discordance, la dissidence. Ici, il n'y aurait qu'une seule direction possible, celle d'une grande parade victimaire et expiatoire marchant au pas des hashtags et des pouces levés. Tout désir de nuance est d'emblée suspect et, comme à l'armée, poser une question c'est déjà désobéir. Sauf que c'est justement sur les sujets les plus sensibles que le pluralisme est salutaire, vu que c'est devant les causes qui nous semblent indéniablement bonnes que la raison se fait dare-dare la malle.

C'est ce qui, à mes yeux, demeure l'un des pires effets adverses de #metoo. Je n'ai jamais voulu faire taire quiconque et surtout pas des victimes de violences sexuelles. J'ai moi-même été violée et j'ai moi-même pris la parole. Le problème, ce n'est évidemment pas que ces victimes veuillent se faire entendre – au contraire, faut-il le rappeler, leur soif de justice est aussi légitime que depuis longtemps nécessaire –, mais c'est que cette libération de la parole soit accaparée par un féminisme aux allures de religion, avec ses dogmes, sa liturgie et sa chasse aux hérétiques. Accaparée par des féministes semblables à la petite renarde rusée de l'opéra de Janáček, qui égorge tout le poulailler tant elle ne supporte pas de voir les poules refuser de se révolter contre le coq et préférer glousser à ses blagues. Accaparée par une idéologie flirtant avec le totalitarisme parce qu'infectée par l'un des pires fléaux de notre époque : l'identitarisme. Cette façon de voir le monde sans autre réalité commune (et encore moins objective) que la polarisation existentielle entre oppresseurs et opprimés. Une logique manichéenne et des plus vénéneuses pour l'un des autres grands atouts de la démocratie – la concorde civile.

Pourquoi vénéneuse ? Parce que tout simplement fausse et fallacieuse, et que s'il y a bien une leçon que la tragique histoire de notre espèce nous hurle de retenir, c'est celle-ci : lorsqu'on a de bonnes informations et suffisamment d'énergie morale, on est sur la voie du progrès, mais si la mesure de sa rage n'a d'égale que celle de ses erreurs et de ses mensonges, alors bascule vers le fanatisme. On risque de passer à côté de la liberté et de la vérité, sans parler de l'émancipation, et de tomber dans le piège de la répression et de la tyrannie. Une trajectoire où, effectivement, il n'y a plus que la force pour faire passer ses « arguments ».  

Texte original de la tribune parue dans Le Monde le 5 octobre 2018

mercredi 14 novembre 2018

La révolution sexuelle n'a (évidemment) pas eu lieu


C'est ce qu'on appelle l'air du temps. Attablé devant un plat instantanément instagrammable, un ami et queutard invétéré me fait part de ses tourments. Depuis #metoo, sa chair est triste. Celui qui passait une bonne partie de ses journées à prospecter les applis pour se dénicher une nouvelle copine chaque soir vit désormais une existence quasi monastique. « Le jeu n'en vaut plus la chandelle », me dit-il. « Je n'ai pas envie de me retrouver avec une folle qui me balance sur les réseaux sociaux parce que j'ai eu le malheur de ne pas la demander en mariage au petit déjeuner ». Alors, depuis plusieurs semaines, sa routine vespérale consiste à swiper, dragouiller par messagerie instantanée, se masturber et aller se coucher. Il faut dire que le chat est échaudé. Quelques mois auparavant, une de ses temporaires compagnes l'avait fait passer pour un « pervers narcissique » – soit le diable postmoderne incarné – dans leurs cercles communs parce qu'il avait eu l'outrecuidance de s'en tenir aux termes de leur engagement : n'en avoir aucun. Et ce même, damnation, lorsque la damoiselle lui avait confié qu'elle commençait à développer « des sentiments ».

Si l'histoire est anecdotique, elle n'est pas isolée. L'an dernier, le sexologue new-yorkais Michael Aaron racontait dans le magazine Quillette comment trois de ses juvéniles patients étaient venus, de manière parfaitement indépendante, le consulter pour une cause commune : ils étaient terrifiés par « les plans cul », censément endémiques à leur âge, et par les risques attenants de fausses accusations de viol et autres procédures disciplinaires pour « comportements inconvenants » d'ores et déjà responsables de la ruine d'une bonne tripotée de vies sur les campus de l'oncle Sam. Trois jeunes adultes préférant les jeux vidéo et le porno comme sources plus « sûres » de gratifications émotionnelles et sexuelles.

Ces cas particuliers ne font pas des généralités, mais ils sont néanmoins cohérents avec des tendances statistiques mesurables dans plusieurs pays : les nouvelles générations semblent de plus en plus se détourner de la gaudriole, qu'importe que leur quotidien dégueule d'outils numériques pour leur faciliter la chose. Selon une conséquente étude menée aux États-Unis sur près de 27.000 personnes entre 1989 et 2014, la baisse de la fréquence des rapports sexuels chez les millenials – les individus nés entre 1980 et 2000 – éclate même tous les scores depuis un siècle. En d'autres termes, ceux qui hurlent à la sur-sexualisation de la société peuvent baisser d'un ton, car de mémoire d'homme, notre société n'a en réalité jamais été aussi peu sexualisée.

Le spectre d'une contre-révolution sexuelle et d'un retour des corps cadenassés rôde dans les pays industrialisés depuis une grosse vingtaine d'années. À ce titre, la panique morale née de l'affaire Weinstein – tous des porcs et toutes des pures, pour paraphraser le sous-titre du dernier livre de Brigitte Lahaie – n'aura pas tant initié un quelconque mouvement inédit que scellé de ses derniers petits clous un cercueil usiné par les années sida. Au « jouir sans entraves » de mai 1968, démarré parce que des garçons voulaient voir sous les jupes des filles dans leur dortoir non-mixte, il convient aujourd'hui d'être aspirée dans une « faille spatio-temporelle » dès qu'un balourd aviné vous signale que vos gros seins lui donnent des idées pas très catholiques. Les femmes seraient des êtres si fragiles, avec une dignité si directement verrouillée sur leurs caractères sexuels primaires et secondaires, que la simple expression oculaire ou verbale d'un désir, sans le moindre commencement d'un contact physique, serait suffisant pour les détruire. En pensant libérer les femmes, les néo-féministes ne font que réinventer l'eau saumâtre de la souillure, cette bonne vieille lettre écarlate qui aura, pendant des siècles, servi de marchepied aux pires des tyrannies machistes. À ceci près, peut-être, que le sceau d'infamie a étendu sa sphère d'influence : autrefois réservée aux prostituées et aux homosexuels, l'opprobre des « comportements déviants » menace désormais à peu près tout le monde, pour peu qu'on entende vivre nos « rapports de genre » avec sérénité, légèreté et humour – c'est-à-dire sans gober le pipotron les assimilant à un champ de bataille d' « oppressions systémiques », avec une prévalence des violences sexuelles n'ayant rien à envier à un pays en guerre.

Sauf qu'en vérité, de contre-révolution sexuelle il n'y a point, tout simplement parce que de révolution sexuelle il n'y a pas eu, ce beau projet s'étant grippé en cours de route. De fait, lorsqu'on remonte son courant, on s'aperçoit qu'il ne consistait pas seulement à pouvoir baiser à couilles et ovaires rabattues, mais aussi (et peut-être surtout) à arrêter de se prendre la tête avec le cul. Et que ses architectes avaient envisagé la chose en deux temps : une libéralisation des mœurs – on combat les contraintes pouvant peser sur le sexe – préalable d'une émancipation mentale – on se libère des contraintes que le sexe est susceptible de faire peser sur nous. Quand une révolution ne passe pas la seconde, pourquoi s'étonner qu'elle patine ?

Dans son ouvrage La vie sexuelle en URSS paru en 1979, le sexologue et dissident Mikhail Stern raconte comment, en 1922, des hommes et des femmes avaient battu le pavé de Moscou dans le plus simple appareil en scandant « Amour, amour, à bas la honte ! ». Lors des manifestations, les femmes portent les pancartes, les hommes des fleurs, et tous revendiquent d'assimiler la sexualité à « un besoin physiologique qu’il faut satisfaire aussi simplement que la soif et la faim », écrit Stern, qui y voit le symbole de cette « époque, très brève, d’un affranchissement des esprits ». Car le politburo sonnera fissa la fin de la récréation. Deux ans plus tard, en 1924, Lénine s'oppose farouchement aux hippies de la Place Rouge et à leur idée qu'on puisse baiser comme on boit un verre d'eau. Dans un entretien avec Clara Zetkin, le père de la révolution d'Octobre explique que le concept d'une sexualité isolée de son ossature culturelle et historique court-circuite non seulement le dogme de la critique marxiste – « Ce serait du rationalisme, et non pas du marxisme, que de faire découler directement des bases économiques de la société les transformations réalisées dans ces rapports sans tenir compte des liens qui les unissent à toute la superstructure idéologique » – mais aussi que cette théorie et les comportements qu'elle peut générer relèvent, à ses yeux, d'une logique fondamentalement antisociale. « Certes, quand on a soif, on veut boire. Mais est-ce qu'un homme normal, placé dans des conditions normales, consentirait à se coucher dans la boue et à boire dans les flaques d'eau de la rue ? Boira-t-il dans un verre, dont le bord a été sali par d'autres ? Mais le côté social est le plus important de tous. Boire de l'eau est un acte individuel. L'amour suppose deux personnes. Ce qui implique un intérêt social, un devoir vis-à-vis de la collectivité ». Et Lénine de piquer sa crise : « Le communisme n’apportera pas l’ascétisme, mais la joie de vivre, la force, entre autres par la satisfaction complète du besoin d’aimer. Mais je suis d’avis que cet abus des plaisirs sexuels que l’on constate en ce moment n’apporte ni la joie, ni la force. Il ne fait que les diminuer. À l’époque de la Révolution, c’est grave, très grave ! ». Pendant plusieurs mois, la querelle entre puritains et fornicateurs ira bon train – une police des mœurs traquera même les « avortements de confort » des citadines et des villageoises – avant que l'adversité économique ne remette tout le monde dans le droit chemin.

Là où Lénine n'avait pas tort, c'est que le sexe n'est vraiment pas le meilleur des ciments sociaux, surtout lorsqu'on entend transformer une société en « un seul immense bureau et une seule immense usine avec égalité de travail et égalité de rétribution » (in L'État et la Révolution, 1917). En 1975, dans Sociobiology, son opus magnum, le biologiste Edward Osborne Wilson y voyait même l'une des forces les plus antisociales de l'évolution. Car s’il est évident que la sexualité est une activité tout à fait naturelle, au même titre que n’importe quelle autre fonction physiologique, elle n’est pas pour autant tout à fait anodine et il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir s'en délivrer la cervelle. Baiser n’est pas seulement un réflexe ou un divertissement, c’est aussi une fonction vitale pour la reproduction de l’individu et de ses gènes, une fonction menacée par différents périls, notamment pathogéniques, depuis les origines de la reproduction sexuée. Dès lors, on baise effectivement comme on boit un verre d'eau, car l’accès à la boisson et à l’hydratation de l’organisme ne va pas non plus de soi : on ne peut pas tout boire, dans les mêmes quantités, certaines boissons sont toxiques et mettent la vie en danger, etc. De la même façon que l’humain doit se soucier de ce qu’il boit et comment il boit, il doit aussi faire attention avec qui il baise, quand et de quelle façon. Une complexité que redouble, aussi, le fait qu’il faut être deux (au moins) pour baiser et deux (seulement) pour se reproduire dans des environnements où la PMA n'a pas été inventée – soit près de 99% de notre histoire évolutive. L’accès au partenaire, sa séduction, sa conquête et la conservation de ce partenaire sont l’objet de stratégies concurrentielles entre les sexes (compétition intersexuelle) comme au sein de chaque sexe (compétition intrasexuelle). Des matchs qui sont loin d’être équitables et qui gagnent en férocité à mesure que les ressources se font rares, comme dans tout système soumis à la dure loi de l’offre et de la demande.

Le bordel s'amplifie d'autant plus chez les primates sociaux que nous sommes. Des singes savants ayant bâti sur le sexe nombre d’institutions, notamment d’alliances officielles et durables reconnues par les individus et les groupes. Bien avant d'être une éventuelle preuve d’amour, le mariage traduit l’économie procréative d’une communauté. Tel(s) homme(s) et telle(s) femme(s) s’engagent à se reproduire entre eux, et à faire perdurer l’existence du groupe auquel ils appartiennent. Ces alliances entraînent la prise de possession du corps d’autrui – l’assurance que le(s) partenaire(s) n’iront pas voir ailleurs et mettre en danger la lignée –, et de ses biens – la dot et le patrimoine. Avec la complexification de notre système nerveux central, cette propriété gagne en implicite, en raison de la nature symbolique de la cognition humaine : l'évolution nous ayant incité à donner du sens aux phénomènes les plus vitalement cruciaux, le sexe a logiquement suscité un grand nombre de symboles et de valeurs. Pourquoi la virginité est-elle autant sacralisée par le mâle humain lambda ? Parce qu'elle est une assurance paternité – hymen certa est. Pourquoi le viol est-il si traumatisant pour la femelle humaine lambda ? Parce qu'il shunte ses intérêts reproductifs en garantissant l'absence d'investissement paternel. Et pourquoi la liberté sexuelle est-elle l'une des choses du monde la moins bien partagée ? Parce que si elle peut être du pain béni pour les symétriques et les affables, elle peut très vite se transformer en vieux quignon rassis pour les moches et les timides, qui auront dès lors tout intérêt à militer pour son strict encadrement.

En avril 1966, un gynécologue, William Masters, et une psychologue, Virginia Johnson, posent une bombe de 300 et quelques pages dans le paysage intellectuel mondial. Leur étude sur la « réponse sexuelle humaine », menée auprès de 382 femmes et 312 hommes scrutés seuls ou en couple sous toutes les coutures possibles, poursuit la voie ouverte par des pionniers comme Havelock Ellis, Magnus Hirschfeld, Robert Latou Dickinson ou Alfred Kinsey et fait entrer la sexologie dans une ère proprement scientifique. Masters et Johnson sont persuadés que leurs recherches feront non seulement progresser les connaissances, mais que de telles données, totalement nouvelles sur le fonctionnement du corps dans ses activités et ses expressions les plus « intimes », permettront à la libération des mœurs de passer sa fameuse seconde étape – « la révolution sexuelle, c'est nous », aimaient-ils à répéter aux journalistes. Ils avaient partiellement raison : à coup de photos, de films, de graphiques et de prélèvements biologiques, Masters et Johnson allaient incarner le triomphe de la méthode scientifique – l'infrastructure de la modernité – sur les tabous, les mythes et les superstitions d'inspiration biblique. Malheureusement, ils n'avaient pas prévu qu'une autre religion comblerait le vide laissé par ces caduques bondieuseries. Car en étant tout aussi aveugles aux « choses de la vie » que le dernier des curés, les chasseuses de porcs et les compagnons de route du néo-féminisme foncent tout droit dans ce même mur d'obscurantisme s'ils continuent à ignorer une leçon aussi vieille que Galilée : connaître le monde, c'est encore le meilleur moyen de le désacraliser. Et savoir pourquoi il est si difficile de nous libérer du sexe est encore le meilleur moyen d'y parvenir.

Paru dans Causeur n°59, été 2018.