Prendre au sérieux. - L'intellect est chez la plupart une machine pesante, morne et grinçante que l'on a du mal à mettre en marche : ils parlent de « prendre la chose au sérieux » quand ils veulent travailler avec cette machine et penser pour de bon – oh, qu'il doit leur être incommode de penser pour de bon ! L'aimable bête homme perd à chaque fois, semble-t-il, sa bonne humeur quand elle pense pour de bon ; elle devient « sérieuse » ! Et, « là où l'on trouve rire et gaieté, la pensée ne vaut rien » : tel est le préjugé de cette bête sérieuse envers tout « gai savoir » - Fort bien ! Montrons que c'est là un préjugé!
Nietzsche, Le Gai Savoir, §327, traduction Patrick Wotling
Du « dieu n'existe pas, alors tout est permis », je me suis toujours dit qu'il y avait là moyen et justification de faire de sa vie une œuvre d'art, terme ronflant ne désignant qu'après tout cette maximisation des choses qui proviennent de nous, et la minimisation de celles qui ne viennent pas de nous. Intérieur et extérieur, ce qui dépend vraiment de nous, quelle jauge, quelle mesure, quelle façon de déterminer le niveau de pollution – la poule et l’œuf ? Et qui supporte la liberté ? De la même manière que Nietzsche martelait la philosophie (sous-entendu ce background culturel qui faisait autrefois une « civilisation »), la société martèle l'individu, l'intime à prendre forme, à se plier, rentrer dans des cases, quitte à couper des oreilles quand elles dépassent. L'individu dangereux est un thème ancien, le vagabond, le voyageur, le hippie sur la route, le sans attaches fixes… toutes les figures disant à un ordre sa relativité, sa temporalité, sa non-permanence mais qui semblent, inexorablement, vouloir recréer l’ordre et la fixité quittés avec pertes et fracas. Encore un préjugé à démolir.
1 commentaire:
"Ne te demande pas ce que tu peux apporter au groupe, mais demande-toi ce que le groupe peut t'apporter."
Je vais finir par croire que tu es communiste.
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