jeudi 27 mars 2008

Mort du dernier poilu

Ci-dessous un extrait des Netocrates, concernant la protection du copyright, et vu par Bard et Söderqvist comme un cas d'école de ces résistances engendrées par le passage de paradigme du capitalisme vers l'informationalisme. Cette défense incarne aussi, pour les Suédois, l'un de ces pactes secrets entre netocrates « social-traitres » et bourgeoisie capitaliste. Remplacez le terme de « copyright » par « limites de la liberté d'expression » et vous aurez peut-être l'illumination sur ce qui se passe en ce moment entre le web 2.0 et les institutions de l'Etat-nation.

De même que l’aristocratie fut à l’origine des plus importants préalables à l’expansion légale du capitalisme (la protection par l’État des fortunes privées), la bourgeoisie de plus en plus marginalisée va utiliser son influence sur la législation parlementaire et la police pour légitimer et protéger les éléments les plus importants de l’édification du pouvoir netocratique : les brevets et les copyrights. Les prémices du succès de la nouvelle classe dominante sont ainsi souvent offertes par l’ancienne. La moralité de l’âge nouveau se crée autour de ce passage de relais historique. De la même manière que l’aristocratie et la bourgeoisie ont enserré l’inviolabilité de la propriété privée dans d’anciennes lois, la bourgeoisie et la netocratie s’unissent aujourd’hui pour affirmer que le copyright est une défense fondamentale de la civilisation. Une « science » abondante est produite pour prouver ses bienfaits sur l’humanité dans son ensemble. Avec cette stratégie, il est clair que n’importe quelle forme de pouvoir non soumise à copyright est « immorale », ce que le monopole légal de la bourgeoisie interprétera comme « criminel ».

Aujourd’hui, le site d'Eric Dupin a été condamné parce qu'il avait relayé (FYI, le site Fuzz est un digg-like où les informations arrivent automatiquement via flux RSS) une info « attentant à la vie privée » de l' « acteur » Olivier Martinez. Jeudi noir pour le web français, selon les propres mots d'Eric Dupin, je verrais pour ma part cette condamnation comme l'annonce, ou pas, d'un changement imminent d'attitude d'une certaine blogosphère. Jusque là assez pacifiste, voire molle, cette « communauté » des bloggers, en réaction, se mettra-t-elle à la résistance, à l'activisme, voire au terrorisme ? Ou ces notions sont-elles définitivement dépassées face aux processus d'adaptation et de diversification qui ont cours sur l'Internet ?


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