Elle ira "jusqu'en Cour européenne s'il le faut, c'est une question de principe". Nathalie Bordes, prostituée de 39 ans, mère de quatre enfants, résidant à Périgueux, a vu son Association pour le droit d'exercer la prostitution (ADEP) jugée "illicite et contraire aux bonnes moeurs" et dissoute, le 31 mars. Mme Bordes est inscrite à l'Urssaf sous l'activité de "péripatéticienne" et relève du régime fiscal des micro-entreprises aux bénéfices non commerciaux. Elle voulait que son association, déclarée en juin 2007, à laquelle ont adhéré deux autres femmes non prostituées, communique sur une prostitution "propre et transparente".
Elle a comparu le 17 mars devant le tribunal de grande instance à la demande du préfet de Dordogne. L'objet de l'association est bien "d'aider les prostitué(e)s", ont noté les juges, alors que la publicité de l'activité est interdite. Son but "n'est pas de proposer un débat d'idées sur la nécessité de rouvrir les maisons closes et de communiquer sur l'idée d'une prostitution propre, hypothèse dans laquelle les dispositions de l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme trouverait, sans aucun doute possible, à s'appliquer". L'avocat de la jeune femme, qui devait faire appel, parle d'"hypocrisie".
A 17 ans, Nathalie Bordes a connu les risques de la rue, la nuit, place Dauphine, à Paris. Elle a vite choisi de recevoir ses clients chez elle. "Il s'agit de promouvoir une forme de prostitution en appartement et indépendante, plutôt que de laisser les filles sur les trottoirs, où elles se font agresser."
"La loi n'interdit pas la prostitution", critique-t-elle. Mais on a interdit le racolage actif, puis passif. En 2003, la loi a fait du racolage passif un délit. "Depuis, je ne peux plus ni apposer une mention quelconque sur ma porte, ni passer des annonces "détente relaxation" dans les hebdomadaires locaux, explique Mme Bordes. Comment les clients peuvent-ils me trouver ?"
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