En ce moment, j'écoute beaucoup Lady Gaga. En fait, je crois que je développe aussi une simili fan-attitude par rapport à elle : je vais chercher des informations sur elle, je suis contente quand je reçois un lien d'une vidéo que je ne connais pas, un mp3 caché, une exclu lulu de titre "pas encore sorti", etc. Au départ, bien évidemment, j'ai été happée par son concept marketing. Je la voyais revenir et revenir dans mes rss de Jezebel, je ne savais pas qui c'était car je n'écoute ni de radios pop musicales ni n'ai de télévision où tomber "par hasard" sur des clips populaires, et je ne trouvais pas son personnage (ie. ses tenues et coiffures) si intéressant que cela. Jusqu'au jour où mes restes de socialité (= curiosité + ennui) m'ont fait allé sur Deezer, un jour où je devais faire le ménage et où j'expérimente donc souvent des nouveaux concepts de "musique de merde", à savoir les trucs où tu ne perds pas grand chose à les écouter avec l'aspirateur allumé ou les grandes eaux des chiottes déclenchées pour faire partir le canard WC qui colle encore aux parois ("Canard WC" étant un concept comme le "Frigidaire", mon "Canard WC" étant un énième gel WC anticalcaire sans marque, je suis à la fois rebelle et pauvre, ceci explique qu'entre le Canard WC à 4€-pour-payer-la-pub et l'erzatz premier prix, le choix est vite fait).
Bref, voilà, j'ai trouvé ça cool, pas aussi cool que BWO qui me met de bonne humeur même si j'ai subi la veille à la fois un génocide familial et le crash d'un airbus sur mon arête nasale, mais assez cool pour y revenir, et développer peu à peu la fan-attitude que je mentionnais plus haut.
Ces derniers temps, les informations que je reçois vont plus ou moins toutes dans le même sens : faut pas croire que Lady Gaga soit un énième produit marketing (un peu comme le "Canard WC" donc), c'est aussi une vraie musicienne, qui sait relativement bien chanter, jouer du piano, et composer des chansons. Exemples là et là ou encore là. Qu'elle mérite donc, qu'elle mérite l'attention médiatique, les couvertures de magazines de mode à 10 000, les invitations dans les shows de grands couturiers, etc. D'ailleurs c'est ce à quoi elle rêvait "quand elle était coincée dans son petit appartement de New York", devenir star, faire les plateaux de télévision, les couvertures des september issue, avoir suffisamment de thune pour baiser qui elle veut, prendre n'importe quelle drogue, faire la fête - party, party hard.
Je pense aussi à cet ami écrivain très talentueux qui se plaint régulièrement de ne pas vendre assez, qui regarde toutes les semaines ses statistiques Editstat, qui se met la rate au court-bouillon quand son éditeur ne le met pas assez en avant, quand son attachée de presse n'en a rien à foutre de lui. Dit-il. Et ce genre de comportements m'énerve.
Je pense à cette amie écrivain très talentueuse qui s'est vue proposer un petit chantage pour la publication de son second roman dans une maison-d'édition-très-prestigieuse : changer la fin, trop noire et pas assez optimiste, ou ne pas avoir de contrat. Et ce genre d'attitude me fait hurler.
Je pense à cet écrivain très talentueux qui n'était pas un ami, que je ne connaissais d'ailleurs pas du tout, en vrai. Qui vient de mourir. Qui prend un peu d'attention médiatique posthume - un écrivain mort est toujours plus marketable (et donc vendable, ah ah). Je remercie d'ailleurs l'auteur de ce blog d'avoir cité de "grands" extraits de son oeuvre, pour faire ce que tout critique littéraire (dans ma tyrannie de la définition à moi) devrait faire : donner envie de lire le livre dont il parle et non pas se tripatouiller la nouille dans tous les sens, et en direct, et se mettre au premier plan, et ne rien faire d'autre que donner envie de finir sur une grande lampée d'aspirine. Car ce genre d'article m'agace.
Je pense au dernier roman de Marie Ndiaye, que je n'aurais certainement jamais ouvert sans le tohu-bohu résonnant un peu partout dans mon univers, somme toute pas encore assez hermétique. Parce que ses affaires de fi-fille déçue parce que son pa-pa ne fait pas assez attention au vé-vert de sa robe, ça me pa-passe au dessus de la cervelle, et que ce n'est pas cela que j'appelle (tyrannie de la définition, deuxième) de la puissance. Féminine, ou pas. Je me dis aussi que ce n'est pas un hasard si ce même "système" acclame les succès méritocratiques de Lady Gaga et encense la prose familialiste de Ndiaye - et les petits scandales pop-politiques qui vont avec. Une femme puissante, c'en est une qui rêve dans son appartement miteux de faire la couverture de Vogue et qui un jour y arrive, ou une autre qui arrive à dépasser l'"humiliation" qu'est l'absence de regard paternel sur la couleur de sa robe.
Voilà à quoi je pense en me réveillant et en avalant de grosses et rondes tasses polonaises à pois (métonymie) remplies de café noisette au lait trois sucrettes.
P.P.S : et Jean-Pierre Martinet n'est pas en stock, à la Fnac
4 commentaires:
Merci de me citer dans le paragraphe consacré à André Benchtrit. Je suis plutôt de votre avis sur les méthodes faisandées de la critique (qu'elle soit littéraire ou autre). Mais tout de même. Avez-vous un embryon d'explication sur le silence presque absolu de la presse ("grande" ou pas) sur sa disparition? J'ai reçu l'information par Leo Scheer, et j'ai cru bon d'en faire état au plus vite... Au moins mes amis sont prévenus. L'occasion m'aura permis de découvrir vos trois blogs. Je me régale. J'aurai sans doute l'occasion de vous écrire bientôt. Cordialement, Charles Tatum.
Pardon pour la coquille. J'aurais dû écrire "Benchetrit", bien sûr.
@Charles Tatum : c'est moi qui vous remercie etc. Quant au silence de la presse, bah, il vous étonne ?
C'est votre côté Poker Face. Lorsque j'entends Poker Face, j'enchaîne, ooooo my poker face, deux pas de danse, quelque soit le lieu dans lequel je me trouve. ooooo.
Enregistrer un commentaire