J'ai enfin réussi hier à arriver au bout des "épreuves" du Noir est une couleur, cela a été très dur, pliée en deux par les douleurs à ma table de cuisine, j'ai tout revécu ainsi, l'Allemagne, les Noirs, les Tziganes. j'ai noté quelques erreurs, minimes. Par contre, je suis stupéfaite de voir qu'on m'a enlevé, à chaque fois qu'il apparaissait, le mot "moi". Par exemple "moi je dis", "moi je pense", etc. Sabré, à chaque foi. Et pourtant, ce petit mot de colère ou d'émotion, qui servait simplement à m'affirmer, à insister, alors qu'on m'a tellement reniée, battue, violée, rejetée et j'en passe, tout au long de mes douloureuse et flamboyantes aventures, ce mot ne dérangeait personne. A part la "correctrice" qu'on m'a mise, comme je l'ai appris par téléphone. Cette "correctrice", à part sa volonté de défendre un français "épuré", qu'a-t-elle à voir avec mon "MOI" ? A-t-elle crevé de faim sous les coups, a-t-elle été pourchassée par les Flics ? S'est-elle prostituée, a-t-elle fait de la prison ? Je n'ai jamais "appris" à écrire, tout est resté "instinctif", le français académique et littéraire me reste étranger, inaccessible même, ayant raté mes études, je n'ai pas eu droit, comme mes sœurs, à l'université. Mes émotions restent à l'état "brut". C'est pourquoi mon vécu m'appartient, son expression aussi, au grand dommage des écoles.
Grisélidis Réal, Les Sphinx
(lettre du 23 janvier 2005)
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