mercredi 28 octobre 2009

Les liens du jour

1 - http://www.slate.fr/story/12119/il-ny-pas-de-«-vague-de-suicides»-france-telecom

parce que j'aime bien l'idée qu'un « un discours simpliste et alarmiste qui désigne un ennemi facile aura toujours plus de succès qu’un exposé rigoureux qui fait l’effort de collecter les données et de montrer leur complexité »

d'où

2 - http://dukanmatuer.blogspot.com/2009/10/la-nouvelle-fable-des-abeilles.html


3 - http://parisquidort.blogspot.com/2009/10/mieux-cest-bien-et-reciproquement.html

Un texte merveilleux sur un blog merveilleux

4 - http://pink.reveries.info/post/2009/10/23/Je-ne-suis-pas-une-théorie

L'autre jour, je suis passée sur le blog d'MRY parce que j'avais envie de hurler, et que j'ai souvent envie de hurler quand je passe sur ce blog. Il y avait donc un texte du maître des lieux nar(v)rant, avec un effort minimum de style, sa nouvelle amitié pour un MtF. Je crois qu'à la fin de ma lecture, j'ai eu envie non seulement d'hurler, mais aussi de pleurer de rage. Cette lettre ouverte, en partageant beaucoup de mes pensées, pourrait y répondre.

5 - http://jezebel.com/5390228/disney-princesses-rely-on-good-looks-little-people--men-for-salvation

Passée le « ah-tiens-je-suis-étonnée-les-contes-de-fées-sont-là-pour-conserver-un-certain-ordre-établi », j'ai trouvé l'image rigolote.

6 - http://www.mauricedantec.com/article/article.php/article/l-etincelle-et-les-extincteurs

Si j'aimais les catégories, je crois que je mettrais ce lien dans celle du « texte le plus con du monde ». Je me rappelle Pascal Quignard qui, dans La Barque Silencieuse, dit que toute personne qui commente le suicide d'un individu est misérable (« Tout homme qui ose commenter la mort qu'un autre homme vient de se donner est un misérable », p.79). Alors certes ce n'est pas trop mon genre d'empêcher à quiconque de penser ce qu'il pense et de l'exprimer, mais voir la façon qu'a ce mort-vivant de Dantec, en « commentant » le suicide de Nelly Arcan, de tirer la couverture vers lui et ses idées de cerveau cramé m'exaspère. Pour rester polie, comme on dit.

lundi 26 octobre 2009

Citation

Dès qu'une irruption de mélancolie, même la plus bénigne, même la plus douce, te gagne sournoisement, il faut que tu l'étouffes dans l'œuf et sans états d'âmes. La nostalgie est une affaire de volonté affirmait Roman, on veut ou on ne veut pas se souvenir. Naturellement tu seras enclin à te souvenir, se souvenir est on ne peut plus normal ; tu auras même l'impression que ressasser le passé constitue pour toi une sorte de gymnastique identitaire, donc un exercice en réalité suicidaire qui te fera croire que tu ne viens pas de nulle part, que tu as des origines plus ou moins identifiables, plus ou moins honorables, des origines dont tu pourrais être raisonnablement fier (effectivement il n'y a pas de quoi être, même très modérément, fier de ses origines, et à présent que je pense être entièrement détaché de mon passé je sais que ce ne sont pas des choses de nature à légitimer un quelconque sentiment de fierté, c'est même tout le contraire et nous avons, j'ai moi-même, toutes les raisons d'avoir honte de mes origines, honte de tout ce qu'elles ne représentent pas, honte aussi de l'inertie bêtifiante, de la déperdition inéluctable et de l'anéantissement définitif que ces origines sous-tendent). Tout ce cheminement rétrospectif qui ne mène à rien, en tout cas à aucun point de départ, à aucune origine précise, toute cette agitation intérieure sans objet, tous ces liens imaginaires que tu serais parfois tenté de tisser avec le passé, eh bien tout cela n'est bien entendu qu'une gigantesque supercherie mortelle.

Oliver Rohe, Défaut d'origine

samedi 24 octobre 2009

Facebook, entomologie d'un point critique

Alors oui, cela fait très longtemps, peut-être même dès le départ, que certaines voix s'élèvent contre les « dangers » de Facebook. (Dans ma mémoire, cet article me paraissait le plus pertinent de tout ce que j'ai pu lire sur la question, bien qu'avec des soucoupes pleines de réserves). Loin de moi l'idée d'écrire pour vous prévenir de quoique ce soit, car je ne pense pas que Facebook soit dangereux. Que les choses soient claires : j'ai toujours trouvé que c'était un gros tas de merde, pas « dangereux » deux secondes, et au mieux, tout ce qui me ferait plaisir à la fin de votre lecture, c'est que vous n'y foutiez plus les pieds parce que vous trouvez ça chiant, chronophage et terriblement réel.

C'est toujours cette histoire de la dialectique du marteau (ou comment un marteau peut servir à planter des clous pour faire tenir une très belle armoire, ou fracasser le crâne du premier type qui passe), Facebook n'est qu'un outil, défini par ses usages. Et mon usage du réseau social rime avec phénobarbital.

Il faut savoir que je suis une personne extrêmement asociale. Du genre à détester la foule (qui commence avec une petite dizaine de personnes dans une même pièce, si ces individus me sont chers, à beaucoup moins, si ce sont des inconnus), à me provoquer des suées, des palpitations, des hallucinations – bref, toutes les manifestations d'un délire psychotique –, si trop de voix se mélangent dans mes oreilles, si trop de corps viennent frapper ma rétine, si trop de tout pénètre l'accès de mon système sensoriel. Soit tous ces indices informatifs dans lesquels, pour l'instant, mon cerveau a trouvé la meilleure façon d'être conscient de son environnement, et d'interagir avec lui afin d'assurer ma survie. Ce n'est pas une posture, ni encore moins une blague, c'est comme ça. Un comme ça dont je ne souffre pas et que je ne cherche pas à soigner, à la limite à comprendre. Appelons cela un axiome vital.

Pour le dire en une phrase aussi péremptoire que brève : Internet m'a sauvé la vie, diminuant toutes ces barrières humaines par lesquelles je devais auparavant passer pour vivre un tant soit peu confortablement. Mieux, il m'a permis, parce que je suis quand même curieuse, d'aller, en toute sécurité, à la rencontre de cet humain rassemblé que j'exècre. De la même manière que j'apprécie la télé-réalité, parce qu'elle me permet de connaître des types d'individus qui, dans la vraie vie, me feraient fuir, j'ai apprécié un temps Facebook pour sa fonction de vitre entre ces individus et moi. Un peu comme ces murs de fourmilières, en effet, sauf que j'ai une considération pour les fourmis de très loin supérieure à celle que j'ai pour les humains. D'un point de vue positif, parce que faisant partie d'Internet, Facebook m'a aussi permis et me permet encore de connaître des individus formidables (car comme tout misanthrope qui se respecte, quand je rencontre une personne que j'estime, je saute en l'air tellement la chose est trop rare pour être signalée sans cris, grattages de murs avec les ongles, courses en rond et youhouhous associés \o/).

Après six mois d'inscription blanche (entendez, sans aucune activité, et avec une seule «amie », à savoir la personne qui m'y avait invitée et à qui je n'avais pas grand chose à dire), tout est allé, comme souvent, assez vite. Dès que vous atteignez un certain nombre d'amis, les connexions se font, le réseau social turbine – de plus si vous avez la chance, comme Moi, d'être un Personnage Public (rires dans la salle), vous aurez le bonheur d'assister, les lendemains de passage dans des médias de masse, à un flot de demandes d'amitiés motivées par « Hey ? Es-tu la Peggy Sastre qui était avec moi à l'école/lycée/fac/...? » ; ce à quoi je répondais tacitement toujours par « Cher Ducon, nous n'avons jamais pu nous sentir, et cela fait 10/15/20/... ans qu'on ne se parle plus, ne crois-tu pas qu'il y a une raison ? ». Bref.

Au bout d'un certain temps, je me suis prise au jeu, accentué par le fait que n'ayant ni bureau, ni collègues qui vont avec, mes rencontres subies avec de l'humain non choisi, et les observations qui s'en suivent (et dont je commence à faire mon métier) peuvent vite s'apparenter à la morne plaine consacrée. Je suis donc devenue une « figure » de Facebook (entendez de mes 300 amis), à la valeur ajoutée définie par une activité et une réactivité notables – en particulier dans les running gags et autres jeux de langage a minima développés (pour ceux qui ne l'auraient pas vu, ce n'est pas vraiment sur Facebook qu'on peut tenir une conversation un tant soit peu valable – même si la notion est relative, tout un chacun peut s'en faire une idée). Envahie de socialité propre, comme un jeune prosélyte, j'ai expérimenté absolument tout ce qui, dans cette fameuse vie réelle, me donne envie de mourir : les ragots, les racontards, les qui a dit quoi sur qui, les non-mais-tu-as-vu-ce-qu'il/elle-raconte-qu'est-ce-t'-en-penses ?, le tout saucé d'objets propres à Internet, à savoir, par exemple, les screens provenant des murs d' « amis » oubliés (les mêmes partis en grande pompe et drama-queenage d'un « oublie-moi si tu peux » après moult vaudevilles ubuesques à tendance psycho-flippant – vous avez vu JF partagerait appartement ? Vous en avez une idée), et qui vous mettent borderline, parce que votre cerveau n'est pas encore assez développé pour, quand on vous menace de mort, ne pas paniquer comme un petit singe qui, dans la savane de nos ancêtres, se retrouve devant n'importe quel prédateur qui lui montre les dents. Il y a eu aussi les quiproquos, les mauvaises interprétations, les surveillances de murs comme on te colle un détective au cul, sauf que là, ça serait un détective un tout petit peu mongol, et même si ce n'est pas vraiment de sa faute ; comment pourrait-il comprendre un statut de 200 caractères qui fait suite à des paroles de chanson, à une discussion avec quelqu'un qu'il ne connaît pas, ou à tout autre manifestation d'écriture automatique sans plus de sens que rien du tout ?

C'est donc fatiguée de l'humain en grappe ET rassasiée de tous ses travers les plus pénibles que j'ai décidé de mettre un gros frein à mon activité réticulairement sociale. Non pas, pour ceux qui se demanderaient, parce que j'ai les flics à mes trousses, parce que je suis en instance de divorce ou à la veille d'un internement psychiatrique. Mais tout simplement parce qu'il y a tellement mieux à faire sur, et avec Internet.

lundi 19 octobre 2009

Avant que le ciel ne nous tombe sur la tête




C'est l'histoire du type qui se suicide sur son balcon, d'une balle dans l'œil, et qui est laissé se décomposer à l'air libre par ses voisins de résidence californienne. Parce qu'on aurait dit un faux-cadavre-décoration de Halloween

jeudi 15 octobre 2009

Promo


Parce qu’on nous dit “femmes-artistes” mais personne ne dit jamais “hommes artistes”, on dit “écrivaine lesbienne” mais jamais “écrivain hétérosexuel”, on dit “littérature érotique” et “cinéma porno” mais jamais “littérature non sexuelle” et “cinéma non explicite”.

Parce que l’être-femelle préempte encore socialement l’être-créatif. Parce que la chair teinte les mots, donne une certaine grille de lecture à ceux qui les reçoivent, parce qu’un prénom féminin sur une couverture de livre situe déjà le texte avant même que les mots écrits à l’intérieur ne se soient mis à parler.
Parce qu’une fille qui montre son sexe à une caméra et écrit des livres se voit décrite dans les médias comme “ancienne actrice porno reconvertie à la littérature”.

Parce qu’on sépare toujours la chair et l’intellect, le haut et le bas, le profane et le sacré. Parce qu’on ne pense pas ensemble la tête avec le cul. Parce que la Distinction sociale existe toujours. Parce qu’il y a toujours les mots nobles, et les mots impurs.


Et la suite, c'est .


La question du jour

Au départ, je voulais en faire une histoire spéciale dédicace pour toi, qui part à Portland dans quelques jours, mais ah ! Que ne vois-je ! Il s'agit en fait de Portland dans le Dorset, en Angleterre, et non pas de Portland en Oregon, aux États-Unis.
N'empêche, ça reste quand même rigolo cette histoire de prisonniers qui se bourrent au gel hydro-alcoolique anti-H1N1 avant de déclencher une émeute.

Non ?

mercredi 7 octobre 2009

Superfétation

Ça veut dire gestation d'un nouveau fœtus dans un utérus déjà rempli. Ou comment, alors qu'on est déjà enceinte, un nouvel embryon peut se développer à partir de l'ovule d'un cycle postérieur à la première grossesse. La chose est assez courante chez les lapins, les blaireaux, les chevreuils, les vaches ou encore les truies. Chez les chevaux ou les humains, elle est extrêmement rare et même dangereuse : la superfétation se soldant souvent par la mort du second fœtus, voire du premier, aussi. C'est pourtant ce qui vient d'arriver à Julia Grovenburg de l'Arkansas qui, après l'échographie de son fœtus « normal », s'est rendue compte qu'un second avait poussé, deux semaines et demie plus tard. Ce qui signifie que, si tout se passe « bien », Julia Grovenburg de l'Arkansas devra accoucher deux fois en deux mois. Et Sainte-Beuve disait « la nature veut qu'on jouisse de la vie le plus possible, et qu'on meure sans y penser ».