lundi 30 juin 2008

Activisme 2

"Les 3, 4, 5 et 6 juillet prochain devait se tenir la première édition du festival international du film porno à Paris au cinéma d’art et d’essai Action Christine, organisé par l’équipe française membre du réseau de l’European Porn Mafia fondée le 28 octobre 2007 à Berlin.

Suite à des pressions institutionnelles « amicales », les organisateurs du festival se sont vus contraints d’annuler le festival initialement prévu en juillet et de le reporter.

Il faut se battre pour que le festival ait lieu à l’automne prochain.

>Parce que ce type de festival a lieu dans d’autres capitales culturelles : Berlin (2006, 2007) Athènes (2007, 2008), Tokyo (2006) et bientôt Madrid et New York.
>Parce qu’il est temps de sortir le porno du placard.
>Parce qu’il est temps d’ouvrir un débat public digne de ce nom sur les cultures pornographiques.
>Parce qu’il est possible d’aborder le porno de manière ludique et pédagogique, critique et politique, adulte et novatrice. Parce qu’un nouveau porno est né : indépendant, alternatif, féministe, queer, politique, sexy, parodique, tout simplement différent et respectueux des différences.

Nous sommes tous les enfants du porno et nos écrans nous appartiennent. Il est donc important que ce projet culturel et festif soit soutenu en tant que manifestation qui fait partie intégrante des cultures populaires d’aujourd’hui et qu’il ne soit entravé d’aucune manière."

Voilà pourquoi j'ai choisi de soutenir ce projet.


Signez la pétition !



Comment reconnaître un article de merde ?




(si tu as pensé, lecteur, en ton for intérieur « c'est synonyme », sache que tu es d'ores et déjà foudroyé sur l'autel du SNJ)


Pour commencer, ça se passe :




Petite démonstration rapide :


1- consanguinité journalistique et redondance :

> il n'est pas question de commenter les études scientifiques visant à « identifier des types de caractéristiques communes aux gays » mais de commenter leurs commentaires, tels qu'ils ont été publiés dans d'autres supports journalistiques (ici le Los Angeles Times, le New York Magazine, et Slate)


2- exposé incomplet :

> quand Guillemette Faure mentionne les recherches de Anthony Bogaert de l’université Brock d’Ontario et Ray Blanchard1 de l’université de Toronto, montrant que le fait de posséder un frère aîné augmente la probabilité d’être gay de 33%, elle oublie de préciser (et c'est pourtant ce qu'avaient fait les scientifiques lors de leurs conférences de presse...) que si la probabilité d’être homosexuel dans une population est environ de 2 % (0,020), une augmentation de 33 % ne la fait jamais grimper qu’à 0,027, et il faut dépasser cinq frères aînés pour approcher les 0,1 (une chance sur dix). Tout de suite, ça choque moins, évidemment.

> ensuite, quand elle précise, à raison que « la corrélation ne s’observe pas avec des frères adoptés », elle oublie aussi de mentionner l'hypothèse principale expliquant ce fait. Il s'agit de raisons immunitaires. Petit rappel : lorsque le fœtus se développe dans le ventre de sa mère, il représente partiellement un corps étranger, notamment parce qu’il possède pour moitié les gènes du père. Raison pour laquelle, par exemple, surviennent de nombreuses fausses couches « naturelles » au stade précoce. En règle normale, le système immunitaire de la mère finit néanmoins par tolérer la présence du fœtus et les rejets au cours d’une grossesse bien avancée sont rares (pré-éclampsie). Il n’en reste pas moins que les cellules immunitaires développent des anticorps contre les éléments du fœtus franchissant la barrière placentaire pour atteindre le sang maternel. C’est logiquement le cas contre les protéines issues du chromosome Y de l’enfant mâle, puisque la mère est dépourvue de cet Y. C'est d'ailleurs pour cela aussi que les grossesses mâles se passent en général moins bien (plus de nausées et de tâches par exemple) que les grossesses femelles, un XY étant plus « dur » à accepter pour une XX vu qu'il produit plus de protéines différentes. Lors d’une grossesse ultérieure, ces anticorps toujours présents dans le système immunitaire de la mère reconnaissent plus facilement un nouveau fœtus masculin comme un « intrus » dans la maison. La réponse devient plus forte à chaque fois. Et l’influence plus notable. Elle concerne notamment le complexe mineur d’histocompatibilité (antigènes H-Y) exprimé par les hommes. Et plus généralement les processus de développement intra-utérin du système nerveux liés aux chromosomes sexuels. Si les frères adoptés n'influent pas sur le « risque » d'être homosexuel, c'est tout simplement parce qu'ils n'ont pas été portés par la même mère, et n'ont donc pas subi l'influence de son système immunitaire déjà rôdé par d'autres grossesses mâles.


3- marques insidieuses de jugement personnel :

> ici, Guillemette Faure remarque que « cela pourra sembler étrange, mais ces pistes d’études ont d’abord été bien accueillies par les mouvements gay américains ». Étrange quoi ? Que tout le monde ne partage pas les mêmes préjugés anti-scientifiques que Guillemette Faure, super bizarre en effet...


4- insertion de l'article dans un « débat » daté :

> il s'agit évidemment du serpent de mer qu'est l'opposition entre inné et acquis. Au risque de te faire de la peine, lecteur, cela fait assez longtemps (je crois même que je n'étais pas née, c'est pour dire) qu'elle croupit dans les oubliettes des controverses scientifiques périmées. Ça a commencé en 1942, avec la théorie synthétique de l'évolution, ça a continué en 1975 avec la sociobiologie de Edward O. Wilson, ça s'est précisé avec l'evopsy2 dans les années 1990, et ça continue, toujours, aujourd’hui, à l'heure où j'écris ces lignes. Notre « inné » est l'héritier de millions d'années d'évolution « acquise », notre « acquis » se fonde sur des bases innées que la plus autoritaire des éducations aura bien du mal (c'est un euphémisme) à annihiler. En bref, s'il vous-plaît, arrêtez de nous bassiner avec ce genre de faux débats, on sait que vous êtes payés à la ligne, mais quand même.


5- falsification :

> il en fallait bien une (au moins). Ici : « mais l'hypothèse d'origines biologiques ne signifie pas qu'elle soient exclusivement génétiques (si l'homosexualité était génétique, elle aurait disparu, remarque finement William Saletan dans Slate) ». Comme Guillemette Faure se sert d'autres journalistes pour servir sa soupe, je vais considérer que la soupe de William Saletan, elle la fait sienne. Oui, donc, comment dire cela avec finesse et doigté : c'est complètement con (et ça te rappelle l'histoire du campeur et de la reproduction des pédés, donc tu suis, et je te félicite, lecteur). Pour résumer, Guillemette ne sait visiblement pas que la génétique (qui vise, chacun le sait, à l'eugénisme) est un tout petit peu plus complexe que ce que les journalistes anti-science veulent bien lui faire dire (et accessoirement, nous faire croire). Par exemple, la génétique a inventé le concept de pléiotropie. Sous ce nom barbare se cache une définition assez simple : un même gène peut avoir plusieurs effets, et les effets positifs peuvent contrebalancer les effets négatifs (si l'on considère que ne pas se reproduire en est un). Exemple classique : le même gène qui provoque la drépanocytose (une maladie de l’hémoglobine) procure un certain degré de protection contre la malaria, selon qu’il est à l’état homozygote (un seul exemplaire, effet bénéfique) ou hétérozygote (deux exemplaires, effet délétère). Ce gène persiste donc dans les populations où sévit la malaria puisqu’il possède un avantage lorsqu’on possède un exemplaire unique venu de l’un de ses parents. Mutatis mutandis, il pourrait en être de même pour les gènes (sans doute nombreux) impliqués dans l’orientation sexuelle.

La première preuve empirique du phénomène a été apportée en premier lieu par une équipe italienne dirigée par Andrea Camperio-Ciani (Université de Padoue)3. Les chercheurs ont demandé à 98 homosexuels et 100 hétérosexuels mâles de remplir un questionnaire assez précis sur leur famille : frères et sœurs, cousins et cousines, oncles et tantes, grands-parents. Au total, ils ont obtenu des informations sur plus de 4600 personnes issues des lignées maternelles ou paternelles des sujets concernés. Résultat : les apparentés des lignées maternelles sont plus fécondes chez les homos que chez les hétéros, différence qui ne se retrouve pas pour la lignée paternelle. Exemple : les mères d’homosexuels ont en moyenne 2,69 enfants contre 2,32 ; les tantes maternelles 1,98 contre 1,51 ; les grands-mères maternelles 3,55 contre 3,39. Cet avantage systématique ne se retrouve pas dans les équivalents paternels, distribués de manière aléatoire.

Conclusion des chercheurs : certains gènes qui prédisposent à l’homosexualité chez les hommes et qui sont transmis par lignées maternelles seulement confèrent une fertilité plus importante aux femmes. Les gènes en question sont probablement sur le chromosome X. Et cet avantage adaptatif expliquerait 14 % de la variance de la probabilité d’être homo et hétéro. Si elle est répliquée sur d’autres échantillons plus nombreux, cette étude sera la première démonstration de l’effet pléiotropique important des gènes d’orientation sexuelle dans l’évolution humaine. Et expliquerait pourquoi la minorité homosexuelle n’a jamais disparu de nos sociétés, même quand elle était persécutée ou réprouvée par la majorité. Donc voilà, un pédé, ça ne peut pas se reproduire, mais ça peut quand même laisser dans la nature des gènes (frères, sœurs, parents) qui le feront pour lui ; et de finement, que pouic.


6- moins on sait, mieux on se porte :

> En France, de la même manière qu'on t'a appris que la science c'était le mal (Auschwitz, Hiroshima, hein, la preuve), on t'a appris aussi à prendre au sérieux les avis des chrétiens – on n'est pas la fille aînée de l'Église pour rien, quand même, merde, et les valeurs, dans la Constitution européenne, tout ça (pardon, je m'égare). Ainsi, de la même manière qu'on mentionne les visites du « Saint Père » aux Informations de Service Public, ne rechigne-t-on pas (quand on est progressiste, de gauche, cool, tout ça) à critiquer vertement les avis des représentants cléricaux. Ici, chez Guillemette Faure, il s'agit d'un évangéliste américain (tout le monde sait aussi que c'est achtment plus dangereux qu'un bon vieux curé des familles mangeur de baguette). Chez Guillemette Faure ça donne : « Albert Mohler, évangéliste américain, explique déjà que, s’il est opposé à l’avortement d’embryons dont on a identifié l’orientation sexuelle, en revanche : 'si une base biologique est découverte et si un test prénatal est ensuite développé, et si un traitement pour renverser l’orientation sexuelle est développé, nous encouragerons son usage parce que nous devons soutenir avec conviction le recours à tous les moyens appropriés permettant d’éviter la tentation sexuelle et les conséquences inévitables du péché'. » Et ça conclue : « ça passe l'envie de chercher ». Allez, je me contente d'un no comment.


1 Entre autres : Blanchard R. (2001), Fraternal birth order and the maternal immune hypothesis of male homosexuality, Horm. Behav., 40, 2, 105-14 ; Bogaert A.F. (2004), The prevalence of male homosexuality : the effect of fraternal birth order and variations in family size, J. Theor. Biol., 230, 1, 33-7 ; Bogaert A.F. (2006), Biological versus nonbiological older brothers and men's sexual orientation, Proc. Nat. Acad. Sci. USA, 103, 28, 10771-74

2 Détail qui a son importance : quand l'anglais dit « evolutionary psychology », le français dit « psychologie évolutionniste », comme si la théorie de l'évolution était une idéologie et méritait un suffixe en -iste. Pour ma part, je m'efforce de parler de psychologie évolutionnaire, pour conserver la neutralité de l'original – j'accepte le compromis de l' « évopsy », économisant les suffixes.

3 Camperio-Ciani A. et al. (2004), Evidence for maternally inherited factors favouring male homosexuality and promoting female fecundity, Proc. Biol. Sci., 271, 1554, 2217-21



mercredi 25 juin 2008

Eteindre

Je remarque que, dans les médias, souvent, les gens utilisent le terme de documenté comme attribut pas forcément joyeux. Exemple : «Nous accueillons aujourd'hui Monsieur X qui vient de publier un ouvrage très documenté sur la question de Y» .

Personnellement, quand j'entends documenté, je suis contente, je me dis : enfin quelqu'un qui cite ses sources et factualise ses propos. Mais visiblement, documenté serait peu ou prou synonyme de chiant à mourir, raison pour laquelle dans les médias, souvent, les gens, invitent en contre-point quelqu'un qui aurait écrit un ouvrage choc, du genre ramassis d'avis personnels et d'enfilages de perles, mais prompt à déclencher les polémiques et soulever les débats.

Les faits, tout le monde s'en fout.



Dans les dents, tiens, bien fait

Alors :

1/la chambre des référés de la cour d'appel de Paris vient de confirmer aujourd'hui le jugement interdisant au site Note2be d'utiliser des données nominales.

2/les 52 pignoles ayant signé cet appel doivent être contents, après tout : "Aujourd'hui, de bonnes âmes essaient de faire croire que la liberté de tout faire, donc de faire tout et n'importe quoi sur Internet est un droit de l'homme que rien ne saurait contrarier sauf à tomber dans une forme de dictature préhistorique. Eh bien non !"

3/on supprime la pub de la télé publique, et on va financer le trou en taxant les nouveaux médias.

Netocrate, mouche ton nez.


samedi 21 juin 2008

De l'homosexualité masculine et de la fertilité féminine

Lecteur, tu as forcément entendu un jour quelqu'un dire : "dingue tous ces pédés partout, on dirait presque qu'ils se reproduisent !" ; c'était peut-être aussi suivi d'un rire gras, et si ça venait de toi, je ne te félicite pas.

Mais maintenant, tu pourras résoudre le paradoxe de tes amis campeurs avec l'aide de la science !

Ne me remercie pas.

jeudi 19 juin 2008

Haute couture


Alors voilà. Le mariage annulé a été désannulé. Formidable, merveilleux, clap clap tout le monde est content, la liberté progresse, l'humanisme triomphe, Elisabeth Badinter va faire un gâteau.

La volonté des personnes impliquées, en l'occurrence l'ex-ex-mariée, bah on s'en fout. Elle était trop conne pour comprendre ce qu'il lui arrivait, elle était trop conne pour réellement désirer se marier avec l'affreux névrotique du drap tâché, elle avait certainement bu un coup de trop (très mauvais pour un QI déjà assez bas) et avoué ce qu'il ne fallait pas dans des circonstances qu'on aurait souhaité différentes. Alors dire que l'Etat et la vindicte publique n'avaient pas à se mêler de ses affaires, là, c'était la connerie de trop.


Réjouis-toi chérie, avec un peu de chance, tu t'en tireras avec une prestation compensatoire.





Citation


La télévision me déprime
La radio me dérange
Le journal m'ennuie

(Edouard Levé, Suicide)







dimanche 15 juin 2008

Travaux pratiques

Lecteur, as-tu bien compris ce que je t'ai dit sur l'essentialisme ?

Pour en être sûr :

> 1/ regarde cette vidéo
> 2/ dis-moi où l'on fait preuve de préjugés essentialistes

(indice : l'essentialiste aime bien dire des choses comme "vrai", "véritable", "authentique", etc.)

Si tu as bon, tu pourras prétendre au titre de mobiliste éclairé, ce qui n'est pas rien - c'est évident.

samedi 14 juin 2008

Hausse du prix du baril

J'appelle essentialisme le mode de penser selon lequel certaines caractéristiques sont essentielles à la définition de l'humain et sans lesquelles ce dernier se retrouve pas loin du pas grand-chose. De l'essentialisme découle nombre de considérations négatives, voire coercitives, sur toutes ces choses impossibles sous peine de... chaos total, ultime et fin de tout. Le problème de l'essentialisme (ou sa solution, c'est selon) est qu'il tombe en capilotade dès qu'il rencontre le pragmatisme, pour qui le seul critère valable est celui de l'efficacité, de l'opérant, en un mot, du réel. C'est pour cela que plus personne, ou presque, n'ose dire que pour être humain, il faut être né d'une relation sexuelle entre deux individus fertiles. Depuis 1978 et Louise Brown, on sait qu'une telle assertion est relativement ridicule, pour ne pas dire tout simplement débile.

Évidemment, l'essentialisme fonctionne à plein sur des sujets fantasmés, par encore tout à fait existants et possibles, mais dont les prédictions envisagent une arrivée prochaine. Le clonage par exemple. Un clone ne serait pas un homme, car il n'aurait pas les qualités essentielles de possession d'un père et d'une mère. Les mères porteuses en sont un autre exemple. Un enfant conçu dans l'utérus d'une femme et donné à la naissance à l'élevage chez une autre femme, doit forcément être un peu atteint dans sa normalité d'individu. L'ectogenèse, un troisième : faire se développer complètement, de la conception à la naissance, un enfant en couveuse, remplacer l'utérus (naturel) par une machine (artificielle) aurait comme conséquence la création d'individus pas tout à fait humains, pas tout à fait comme les autres, avec beaucoup de soucis et des obstacles infranchissables à leur développement normal. Autant d'assertions qui tomberont en désuétude dès qu'il sera possible de se cloner et de naître par ectogenèse. Dans le cas des mères porteuses, c'est évidemment possible depuis la nuit des temps, mêmes si les avancées technoscientifiques récentes permettent à l'enfant d'être biologiquement celui d'un (au moins) des deux parents éleveurs.

Alors que, depuis deux siècles, environ la science met à mal l'essentialisme, c'est vers ces changements dans la définition de l'Homme (with the H) induits par la biologie que se dirigent, en bonne logique, la plupart des coercitions essentialistes. En premier lieu desquelles la bioéthique, dont notre beau pays a été l'un des premiers à s'être doté d'un arsenal législatif défini de la sorte. Cet arsenal sera révisé d'ici 2010. La traque de l'essentialisme peut donc commencer.

lundi 9 juin 2008

Je fais part aujourd'hui officiellement de mon avis selon lequel le CCNE devrait aller se faire foutre

Jusqu'au 3 août se tient à Lyon une exposition intitulée « Our Body » et présentant dix-sept écorchés et une centaine d’organes préservés par un processus de plastination inventé par Gunther von Hagens en 1977. Depuis 1995, cette exposition sillonne le monde. Avant de la présenter à la Cité des Sciences de Paris, Guillaume Boudy son directeur général a saisi l'avis du CCNE le 29 juin 2007.

Oui, ça pourrait être drôle si ce n'était pas tragique : le Conseil Consultatif National d'Ethique, le synode chargé dans notre belle contrée d'éclairer les progrès de la science, soulever des enjeux de société nouveaux et poser un regard éthique sur ces évolutions a rendu, comme la chose est extraordinaire, un avis négatif avalisé par 37 de ses 39 membres.

Pourquoi ? Les réponses sont et .

Florilège :

La première ambiguïté tient au fait que le « contrat » n'est pas très clair : s'agit-il d'une exposition artistique ? Scientifique ? Pédagogique ? Spectaculaire et visant au sensationnel ? Un peu comme dans les documentaires publicitaires, il y a mélange de plusieurs fonctions qu'il faudrait au minimum expliciter

Quand on est expert, on aime bien que les choses soient claires, surtout pour le public, qui est toujours un tout petit peu con. Alors le rouge à gauche, le vert à droite, le bleu au milieu et si l'orange dépasse, gare à ses fesses (surtout sans notice préalablement explicative de l'explication).

S'il s'agit d'une éducation anatomique du public, on sait qu'un dessin est toujours plus explicite qu'une photo, et il est probable que des figures de plastique illustreraient mieux ce qu'on souhaite enseigner.

Un dessin en apprend plus que de vrais corps. On dit lol ?

On est dans une approche qui n'est pas sans rappeler le traitement des cadavres dans les camps d'extermination lors de la seconde guerre. Il nous semblerait important de rappeler que chacun de ces corps a été une vie singulière, qu'il faudrait pouvoir sinon raconter sinon nommer

Godwin +1

Toute représentation du corps véhicule une anthropologie implicite, et nous fait voir le cœur d'une culture

Tout avis du CCNE véhicule une idéologie implicite et nous fait voir le cœur de ses intentions maximalistes à tendance judéo-chrétienne

La prise de parti de cette exposition interroge donc, et peut heurter des convictions profondes. Elle risque de nourrir un débat polémique : est-ce l'objectif recherché par la Cité des Sciences ?

Au début, on disait que l'expo n'était pas très claire au niveau de sa prise de parti, maintenant, on dit qu'elle en a une ; à se taper la noisette

Nous ne regardons jamais la mort en face sans un voile représentatif. Il serait naïf, faux, et sans doute dangereux de laisser croire au public qu'il n'y avait jadis qu'une occultation de la mort et que nous parvenons enfin au dévoilement de la Vérité sur l'homme dans sa « présence réelle »

tu mets une majuscule, c'est Mieux – quant au public, qui est toujours un petit peu con, ne lui faisons surtout pas croire des choses qu'il serait tenté de comprendre

Si l'engouement public pour ces nouvelles reliques n'est pas encore un nouveau culte, il manifeste une culture de la technique sans regard critique. L'idée que l'on peut approcher la mort de l'autre sans risque suppose que cet autre soit tellement anonymisé qu'il n'y a plus de référence à quelque dignité humaine que ce soit.

Si tu dis digne aussi, tu es crédible – en plus de l'autre, c'est tout bénef.


http://www.ourbodytheuniversewithin.com/





samedi 7 juin 2008

Ton génome pour 1000 $

Ton génome pour 1 000 dollars
LE MONDE | 06.06.08 | 15h34 • Mis à jour le 06.06.08 | 20h42
MOUNTAIN VIEW, SILICON VALLEY (CALIFORNIE) ENVOYÉ SPÉCIAL

adine, 30 ans, une jolie rousse aux yeux bleus, a épousé Ahmad, 32 ans, un costaud très basané. Leur fille de 3 ans, Zeina, a les yeux noirs, mais Nadine a envie de savoir si plus tard, quand Zeina sera grande, elle pourra quand même avoir des enfants aux yeux bleus. Pour cela, il faut déterminer si la fillette a hérité de sa mère la combinaison génétique adéquate. Or, désormais, rien n'est plus facile : il suffit de faire cracher Zeina dans un tube en plastique, puis de l'envoyer à 23andMe, une nouvelle société installée à Mountain View, au coeur de la Silicon Valley.


Pour 1 000 dollars (645 euros), 23andMe, ainsi baptisée en référence aux 23 chromosomes du génome humain, extrait l'ADN des cellules de salive, puis en décode une partie - précisément 580 000 "marqueurs", ou variations permettant d'identifier une série de caractéristiques propres à chaque individu.

En fait, Ahmad et Nadine voulaient tout savoir sur leur fille, sur eux-mêmes et sur leur famille. Ahmad est chef ingénieur chez Google, et tout ce qui touche aux nouvelles technologies le passionne. Dès qu'il entend dire que les particuliers peuvent faire décrypter leur génome pour un prix raisonnable et sans formalités, il se procure les tubes pour recueillir sa salive, celle de sa femme, de sa fille et de sa belle-mère. Grâce à la belle-soeur d'un ami, qui travaille chez 23andMe, il obtient un tarif de groupe très avantageux.

Ahmad se sent en confiance, car 23andMe fait un peu partie de son univers. La société a été créée en 2007 par Anne Wojcicki, une biologiste qui est aussi l'épouse de Sergey Brin, cofondateur de Google. M. Brin a décidé d'investir 4 millions de dollars dans 23andMe, et Mme Wojcicki a installé ses locaux tout près de l'immense campus de Google. Ahmad croit savoir pourquoi Google s'intéresse à 23andMe, au-delà de la solidarité entre époux : "Notre mission est d'organiser l'information du monde et de la rendre disponible et accessible à tous. Or le patrimoine génétique de l'humanité est de l'information pure. Je ne fais pas partie du management, mais je devine que cet investissement est à rapprocher du lancement de notre projet Google Health Initiative", un site Internet de gestion des dossiers médicaux personnels, que Google va bientôt mettre à la disposition de tous les Américains.

Après quelques semaines d'attente, les résultats sont enfin affichés sur la page Internet personnelle d'Ahmad, créée par 23andMe et accessible grâce à un mot de passe. Par son ton et son graphisme, le site cherche à créer une ambiance ludique et décontractée : on vient ici pour s'instruire et s'amuser, pas pour s'angoisser. Cela dit, 23andMe renseigne d'abord le client sur ses prédispositions - exprimées en pourcentage - à développer une trentaine de maladies : cancer du sein ou de la prostate, infarctus, hyperactivité, tendances maniaco-dépressives, obésité, diabète, sclérose en plaques... On lui indique ses chances de devenir dépendant à l'alcool s'il en consomme régulièrement, ou de résister au sida s'il est exposé au virus. Il saura aussi s'il élimine la caféine rapidement, si ses oreilles produisent un cérumen sec ou mouillé, si ses gènes le prédisposaient à avoir un QI supérieur ou inférieur à la moyenne...

Une note de 1 à 4 est attribuée à chaque résultat, selon le degré de fiabilité des recherches en cours. Ainsi, la prédisposition à devenir arthritique bénéficie de 4 points, car la recherche dans ce secteur est bien avancée et fait l'objet d'un consensus parmi les généticiens. En revanche, la mesure de l'aptitude psychologique à ne pas répéter les mêmes erreurs n'a reçu que 1 point, car la recherche, menée en Allemagne, n'en est qu'à ses débuts.

Le chapitre Origines indique au client de quelle région du monde viennent ses ancêtres, grâce à un ensemble de graphiques, de tableaux et de cartes. La section Héritage familial permet de déterminer le degré exact, à 0,01 % près, de ressemblance entre parents et enfants, ou entre frères, soeurs, cousins ou amis. Le client découvrira que son aversion pour les aliments amers lui vient de son grand-père, et son endurance à la course à pied lui a été léguée par sa grand-mère... A chaque fois qu'une nouvelle découverte est faite quelque part dans le monde, l'équipe de 23andMe l'intègre pour enrichir ses résultats.

Nadine est contente, sa fille aux yeux noirs est porteuse des gènes faiseurs d'yeux bleus. Ahmad s'intéressait assez peu à cette affaire d'yeux, mais sa femme, moqueuse, affirme qu'il avait son propre souci : "Il a tout de suite comparé son génotype à celui de sa fille, pour voir si c'était bien lui le père." En riant, il avoue que le test l'a rassuré.

Pour le reste, Ahmad est plutôt satisfait : "Quand j'ai cliqué sur ma page Santé, j'étais anxieux, mais mes chances de développer les maladies repérées par 23andMe sont dans la moyenne. Pour le reste, ma femme et moi avons tout lu ensemble, c'était amusant. Seule surprise : ma mère a le teint pâle, et ses grands-parents sont nés en Turquie. Or le test dit qu'ils sont originaires d'Afrique de l'Ouest, c'est très mystérieux."

Selon lui, personne ne devrait avoir peur de divulguer ses informations : "Chez Google, je fais souvent passer des entretiens d'embauche, et la perspective d'une sélection génétique des candidats m'intéresse. Par exemple j'aimerais savoir d'emblée qui est plutôt un meneur, et qui est un suiveur... Déjà, pour les postes importants, les entreprises font passer aux candidats des tests de QI, elles enquêtent sur leur passé, leur santé, leur comportement sur Internet. La sélection génétique sera une façon plus efficace de faire ce que nous faisons déjà. Et quand ma fille sera en âge de se marier, il faudra que mon gendre soit génétiquement parfait."

Pour rassurer ceux qui s'inquiéteraient d'une diffusion non autorisée de leurs informations, 23andMe affirme que sa base de données est parfaitement sécurisée. Cela dit, la société fait tout pour encourager ses clients à publier, partager et comparer leur code génétique. Afin que personne ne soit pris en traître, elle leur fait signer un formulaire de consentement, accompagné d'un avertissement : "Des données que vous partagez avec des amis, des parents ou des employeurs pourraient être utilisées contre vos intérêts. (...) Aujourd'hui, très peu d'entreprises et de compagnies d'assurances exigent de vous des informations génétiques, mais cela pourrait changer dans l'avenir. (...) Un jour, des données que vous aurez divulguées pourraient servir à vous refuser un emploi ou une assurance maladie."

Mis à part cette précaution juridique, les deux patronnes de 23andMe, Anne Wojcicki et son associée Linda Avey, ne souhaitent pas disserter sur ce qu'elles estiment être des scénarios catastrophes de type "Big Brother" imaginés par des intellectuels tourmentés. Elles rappellent simplement que le gouvernement des Etats-Unis va promulguer une loi interdisant la discrimination entre les citoyens sur des bases génétiques.

Anne, 37 ans, et Linda, 47 ans, toutes deux minces, vives et souriantes, préfèrent parler de leur succès. Après six mois d'activité, 23andMe emploie déjà une cinquantaine de personnes, et continue à embaucher. Fin avril, près de 10 000 clients lui avaient confié leur ADN. Les perspectives de développement sont infinies. Linda, qui a travaillé pendant vingt ans dans l'industrie pharmaceutique, souhaite se lancer dans une collaboration avec les grands laboratoires : "Les chercheurs vont bientôt mettre au point des médicaments ultraciblés, qui seront fabriqués sur mesure en fonction du génotype individuel de chaque patient. Mais, à ce stade de la recherche, ils ont besoin de bases de données contenant des grandes masses de profils génétiques variés." Les clients de 23andMe pourront donc s'associer à l'effort de recherche sur une maladie de leur choix, en faisant don de leurs données à la science.

De son côté, Anne rappelle que la génétique est d'abord un formidable outil de médecine préventive : "Si les gens apprennent qu'ils sont prédisposés à faire un infarctus, ils vont peut-être changer leur style de vie et faire des examens réguliers. Cela va réduire les dépenses maladie."

Elle préconise aussi l'instauration d'un nouveau système d'orientation scolaire, fondé sur les tests génétiques : "Quand j'aurai un bébé, je voudrai savoir très tôt s'il a plutôt une mémoire visuelle ou s'il apprendra mieux en écoutant, et adapter sa façon d'étudier en conséquence. La génétique va entraîner une révolution dans les méthodes pédagogiques, qui devront s'adapter aux aptitudes individuelles de chaque enfant. L'ère de l'apprentissage unique et standardisé pour tous s'achève."

Anne et Linda ont donc décidé de voir l'avenir en rose. En ce qui les concerne, c'est sans doute justifié, car elles ont déjà acquis le statut de VIP internationales. En janvier, elles ont été invitées au sommet de Davos, et en ont profité pour collecter - gratuitement - les échantillons de salive d'un millier de participants. Désormais, les décideurs du monde entier connaissent l'existence de 23andMe, et savent que leur code génétique dort dans une base de données californienne.

Le service de 23andMe est déjà disponible en Europe, il suffit d'ajouter 45 dollars pour les frais de port. Anne rêve du jour où sa base de données contiendra le patrimoine génétique de l'humanité tout entière. Elle sait que, dans de nombreux pays, son service rencontrera des résistances culturelles, mais qui seront vite balayées : "Au-delà des coutumes nationales, on voit émerger un nouveau principe universel : le droit inaliénable de chaque être humain à connaître son génotype, c'est-à-dire à savoir de quoi il est fait. Notre mission est d'aider les pays plus traditionnels à progresser dans ce sens."

Grâce notamment à son blog (the Spittoon, "le crachoir"), 23andMe favorise la création de communautés de passionnés : "Des groupes d'affinité vont se former entre gens possédant la même origine ou le même profil génétiques. S'ils le souhaitent, nos clients peuvent télécharger leur code à l'état brut. Ceux qui prendront la peine d'étudier un peu la génétique pourront lancer leurs propres recherches."

En fait, ces chercheurs autonomes existent déjà. Les médias américains les ont surnommés les "hackers du génome", car leur état d'esprit et leur mode opératoire sont assez proches de ceux des hackers informatiques : dans les deux cas, il s'agit de manipuler et de décrypter des lignes de code. Pour aider les autodidactes, divers centres de recherche publics ont mis leurs bases de données en ligne : désormais, pour en savoir plus sur une séquence du génome humain, il suffit de la taper dans Google.

A Menlo Park, à quelques kilomètres des bureaux de 23andMe, Ann Turner, une sexagénaire ronde et joviale, mène ses recherches dans la salle à manger de son pavillon de banlieue. Psychiatre à la retraite, elle s'est initiée à l'informatique pour créer des logiciels destinés aux victimes d'attaques cérébrales. Par ailleurs, Ann est atteinte d'une maladie rare qui la rend sourde, une de ces maladies orphelines dont on ne sait rien, sinon qu'elle est génétique. Depuis des années, elle mène des recherches de généalogie pour identifier parmi ses ancêtres et ses parents éloignés ceux qui furent atteints par la maladie. Dans ce cadre, elle a souvent recours aux tests génétiques "classiques".

Dès l'arrivée sur le marché des nouveaux tests plus complets, Ann décide de changer de tactique : "L'ouïe est affectée par une cinquantaine de gènes, mais ma maladie résulte probablement d'une seule mutation." Première étape, elle fait un test comparatif sur deux produits concurrents : elle achète le test de 23andMe et celui d'une société concurrente, DecodeMe, basée en Islande - les différences sont minimes. Puis elle se lance sur la piste du gène responsable de sa maladie.

"Ma cousine a deux fils, l'un est touché par la maladie et l'autre pas, dit-elle. Ils vont tous deux faire le test - à mes frais. Ensuite, je vais essayer de trouver des variations génétiques présentes à la fois chez moi et chez le garçon atteint de surdité, mais qu'on ne retrouve pas chez son frère non atteint. L'une de ces variations est sans doute la cause de notre maladie." Ann va charger toutes ces données brutes sur son petit PC, et travailler en se servant du logiciel de comptabilité Excel : "Je n'ai pas encore parlé de mon projet à 23andMe. Si je les contacte, ils m'aideront peut-être."

Des jeunes gens en bonne santé veulent aussi s'approprier ces outils, pour le plaisir. Andrew Meyer, 23 ans, diplômé en informatique, habite un petit studio à Santa Rosa, à une heure au nord de San Francisco. Il partage son temps entre son blog, Buzzhyeah, un projet de construction de maisons à bas prix, et ses piges pour des webmagazines. Dès qu'il entend parler de 23andMe, il décide de faire le test, mais il n'a pas les 1 000 dollars.

Il lance alors une souscription sur son blog : "J'ai dit à mes lecteurs : envoyez-moi de l'argent et, en échange, je publierai mon mot de passe pour que tout le monde ait accès à mes résultats. Ça a pris plusieurs mois, mais ça a marché, par petits dons de 5 ou 10 dollars. Mon appel a été repris par des sites célèbres et des blogs de biotech. J'ai même reçu de l'argent d'un généticien anglais." Avec l'aide de ses nouveaux amis, Andrew commence à s'initier à la génétique, qui devient une nouvelle passion.

Comme promis, il partage ses résultats avec tout le monde : "Ma mère, qui est infirmière, s'est assise devant l'ordinateur avec moi. Elle voulait savoir si je tenais plus d'elle ou de mon père sur tel ou tel trait de caractère, on a beaucoup ri. Nous avons aussi appris que je risquais de développer une maladie dégénérative de l'oeil. C'est bon à savoir, si elle est prise à temps, on peut bloquer sa progression."

Sa soeur, qui est étudiante, a téléchargé les données brutes d'Andrew : "Sa classe de biologie va s'en servir en travaux pratiques." Il a aussi demandé aux lecteurs de son blog de les consulter, pour voir s'ils peuvent en extraire de nouvelles informations intéressantes. A aucun moment, il n'a songé à limiter leur circulation : "Aucun problème. Franchement, je me ferais plus de souci si je voyais le code de ma carte de crédit traîner sur Internet."


Yves Eudes
Article paru dans l'édition du 07.06.08


Ton génome pour 1 000 dollars
LE MONDE | 06.06.08

© Le Monde.fr

jeudi 5 juin 2008

Le Jacky show

Alors c'est l'histoire d'un mec qui s'appelle Jacques Testart et qui a faim. Du genre, grave la dalle. Le problème, c'est que Jacky, c'est une grosse feignasse qui ne veut pas descendre s'acheter quoique ce soit, et préfère cuisiner des placards, on verra bien ce que ça donne. Plus t'en mets, plus t'en as, et si tu touilles, ça finira bien par être potable.

Commençons par la peur des robots (oui, le robot robotisé sans âme et sans conscience qui fait tout pour supplanter les humains et leur ravir le contrôle de la planète). Par exemple la caméra de surveillance (ouais ! bon choix Jacky, ça fait super flipper ça !). Pas la petite caméra pourrave de ton Arabe du coin, que ça se trouve elle marche même pas, vu qu'elle sert à se réfléchir dans le rétroviseur braqué sur la caisse, non non. La caméra intelligente, celle qui t'arrête le voleur parce qu'elle a analysé sa « gestuelle équivoque ». Pas de bol pour Jacky, les caméras intelligentes, ça n'existe pas. Derrière une caméra qui alerte sur tel ou tel comportement équivoque, il y a toujours un programmateur qui, en amont, a entré les paramètres d'équivocité et, en aval, un agent de sécurité chargé d'analyser les signaux envoyés par la caméra. La caméra qui détecte le terroriste et lui envoie direct un missile sur le coin du pif, on attend toujours.

Bon, caramba encore raté. Passons à la biométrie (trop bon ! rentre leur dedans, tout le monde a peur de la biométrie, on n'est pas des numéros, on est des hommes libres de péter la gueule à des portiques de cantine ! oué !). Là-dessus, Jacky, appelle un copain, Gérard Dubey (c'est un anthropologue), qui dit « un siècle seulement après l'avènement de la biométrie les repères ont évolué, de l'être identifié socialement jusqu'à l'être défini biométriquement ». Alors, là, moi, lectrice, soit je suis con (possible), soit ça veut rien dire. D'où le questionnement légitime de Jacky (qui semble aussi de pas avoir compris des masses) : « Combien de temps faudra-t-il, après l’avènement de la génétique moléculaire, pour définir les êtres génétiquement ? Et en quoi le critère génétique est-il différent des critères biométriques classiques ? ». Bah comme on en sait rien, Jacky va changer de sujet.

Parlons maintenant des jumeaux, se dit Jacky. Pas que ça fasse si peur que ça (oh, hey, Jacky, t'as vu Faux-semblants ??), mais ça permet toujours de faire remarquer qu'une enquête policière se fondant sur l'ADN (« la reine des preuves ») et dans laquelle le suspect aurait un frère jumeau, bah je ne vous raconte pas le bordel, car si deux jumeaux ont le même ADN ils n'ont pas les mêmes empreintes digitales. D'où il ne faut plus juger les gens sur leur ADN, vu qu'ils peuvent toujours avoir un jumeau dans la nature. Ah, la reine des preuves, Jacky, il te la casse en deux !

Ensuite, bon, Jacky pense qu'on se pète de trouille quand même assez pour courir en rond et s'essouffler de la clochette, mais que cela n'empêche pas qu'il va en rajouter une louche. L'ADN à usage médical (uh ! Tu veux dire Gattaca ?? - Non, attends, Jacky y vient ensuite). Donc utiliser l'ADN à des fins médicales, c'est pas bien, vu que c'est d'une « telle complexité », qu'au mieux on aura une prédiction statistique (du genre : ta mère, ta tante et ta grand-mère sont mortes d'un cancer précoce du sein, tu es porteuse du gène muté de prédisposition au cancer précoce du sein, rassure-toi te dit Jacky, tu n'as que 98 % d'avoir un cancer précoce du sein). Jacky, il ne dit pas « en l'état actuel de nos connaissances », du style, plus on fera de recherches, plus on affinera les statistiques, plus on aura des prédictions fiables. Non, Jacky il dit : « cette connaissance risque de demeurer statistique : il va être surtout possible de mettre en regard les particularités infinies de l’ADN avec des constats épidémiologiques (sur le mode : la plupart de ceux qui montrent telle particularité de leur ADN sont aussi ceux qui sont affectés par tel handicap ou avantage) afin de poser des probabilités de réalisation en fonction de chaque génome et de son exposition à des environnements définis. ». T'as peur ? T'as pas peur ? T'as encore rien vu.

Statistique>Galton>Eugénisme>Camps de la mort. Tu ne saisis pas très bien l'équation ? Jacky t'explique. Francis Galton, cousin de Darwin, était statisticien. Galton a inventé le terme d'eugénisme. Et les Nazis se sont réclamés de l'eugénisme pour justifier leur politique raciale et l'extermination des indésirables juifs, tziganes, slaves et homosexuels. Ouais, je sais, moi, perso, je me suis fait pipi dessus.

C'est bien parce que je tiens au bien de mon blog que je continue la lecture. Sinon, je me serais déjà autocongelée d'effroi. Le sais-tu qu'il y a des « généticiens [qui] s’efforcent de découvrir des marqueurs non pathologiques (humeur, sexualité, voire même quotient intellectuel... ». Lesquels tu demandes ? Et où, en plus ? Non, Jacky ne te le dira pas, Jacky préfère laisser planer le doute, et les trois petits points, tu en sais déjà trop. Pour t'achever, sache que ton président, oui, le même qui voudrait te faire travailler le dimanche, pense que les « gènes (...) contrôleraient même l’homosexualité » et qu'il s'est « assuré le conseil du Pr Arnold Munnich, lequel est aussi l’éminence grise des analyses moléculaires pour détecter des pathologies, en particulier à l’occasion du tri des embryons. (tiens, Carla est enceinte ?).

Avant de vraiment en terminer, et te laisser choisir la corde pour te pendre, Jacky te précise que « la biométrie a toujours fonctionné à la peur » (contrairement aux analyses de Jacky) et que de « 'détail' en détail se construit un monde qui pourra nous annoncer 'Bienvenue à Gattaca !' » (je t'avais dit qu'il allait en parler), un monde contrôlé par des multinationales aux couteaux entre les dents : « Quel but poursuit donc Google en investissant, en 2007, 4 millions de dollars pour analyser l’ADN des internautes et constituer ainsi une grande base de données sur l’information génétique ? » Un but certainement très vil, te souffle Jacky, comme par exemple « des utopies thérapeutiques ('gènes médicaments') ou industrielles (plantes transgéniques), (...) cabinets d’assurances (niveaux des risques), (...) officines d’orientation scolaire et professionnelle, et finalement (...) la résurgence de mythes fabuleux (surhomme, clones, chimères...) ».

Mais ne te hâte pas trop vite, malheureux, ce sombre avenir n'a rien à voir avec « les heures les plus sombres de l’histoire » ou « la purification par la race ». Non ! « les enjeux sont aujourd’hui bien différents, et tout aussi graves ». Oui ! Car « l’économie néolibérale n’a aucun besoin de stigmatisations raciales tant elle s’attache plutôt à découvrir les meilleurs éléments disponibles dans chaque communauté humaine, et à rejeter ceux qui lui semblent peu aptes à contribuer à la 'croissance compétitive', quelle que soit la couleur de peau des uns et des autres » et parce que notre dirigeant rêve « de constituer une société d’individus sélectionnés pour leur compétitivité ». Entends-tu, citoyen ? Le bruit des bottes et des poches qui clinguent ?

Pas de bol, Jacky, ils sont tous morts, et je me demande qui va maintenant te servir la soupe.



Les mauvaises langues qui osent dire qu'en France il y a trop de lois et que c'est pas près de s'arranger

dimanche 1 juin 2008

Porfirio et Gabriel


Michel Onfray aurait été contacté par les éditions Robert Laffont pour écrire une préface à l'édition française du livre de Dawkins, "Pour en finir avec Dieu" mais il y aurait renoncé après avoir lu le premier tiers des épreuves.

C'est en tout cas ce qu'il raconte dans le dossier de Témoignage chrétien n°3293 "les nouveaux athées" du 27 mars 2008 : "Cette façon qu'a Dawkins d'ironiser sur les croyants qu'il prend pour des gens sous-informés en négligeant le fond psychologique, l'angoisse, la peur de la mort, me semble mal venue. À quoi s'ajoute cette manière très XIXe siècle de mobiliser la science pour prouver l'inexistence de Dieu..."

Heureusement, je chantais faux.

Tiens, regarde, je blogue une vidéo (youpi).


Alors tu vois, le concept, c'est qu'on doit faire de la com', mais des fois aussi on aime bien mettre sur les affiches que la publicité c'est fasciste, alors on se la raconte un peu à faire passer des messages. Tu mets des gamins tombés du Village des Damnés et ça va faire sensation, fais moi confiance, dix ans que je me tape de l'étiquetage de yahourts, crédibilité. Le problème, c'est qu'en attendant que l'Occident finisse sa flippe et son retour de mauvaise conscience, Chen Zhu-Li nous dit que la Chine a peut-être déjà réalisé l'humain transgénique (garanti CO² responsable).

Ouais je sais, la petite grosse sans dents, elle voudrait aussi inventer le stérilisateur de clones ; et moi je voulais être pute ou cantatrice.



Ding ding ! c'est la fin du monde !

Salut,

Je m'appelle Pierre-Olivier Arduin et je suis directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon. Tout le monde s'en fout de mon avis de curé qui essaye de se la péter rationnel ? Allons bon, voyons, quand même, et la fille aînée de l'Église tu te la mets où, vil commentateur de l'actualité sans culture ?

Donc voilà, j'ai une chemisette et aussi un avis, par exemple, les mères porteuses c'est mal. Enfin, je ne peux pas le dire comme ça, ça ferait sectaire, alors je ponds une grosse petite tribune dans un journal qui s'appelle « Valeurs actuelles » - qui du titre de ma fonction ou de celui de ce magazine est le plus rigolo, je te laisse juger, mauvais esprit. L'idée, c'est de faire des phrases. Du genre : l'idée de mère porteuse détruit irrémédiablement la réalité objective de la maternité, heurte de plein fouet le principe intangible d’indisponibilité du corps humain.

D'accord tu comprends, comme je suis un curé actuel (c'est marqué dans mon titre), j'insère dans mes modes de penser des concepts tirés d'autres cultures (alter-culturalisme très actuel), comme par exemple le bouddhisme et en particulier le truc du mantra. Tu sais ce que c'est le mantra, quand même, en gros, c'est la pensée magique, du genre tu penses à un truc, et puis tu le répètes, et puis après tellement tu le répètes et que tu tournes en rond à te donner le tournis (non, ça c'est les derviches tourneurs, mais l'idée reste kif-kif), ça en devient réel. Donc là, j'écris réalité objective de la maternité alors ça devient une réalité objective, la maternité (et c'est pas parce que j'ai une bite sous ma chemisette, et que je ne m'en sers pas a priori, qu'il faut que tu te croies justifié à me faire remarquer que je ne sais pas de quoi je parle, hein, franchement, c'est la force de l'abstraction quand même, tu devrais comprendre ça). Idem pour le principe intangible d'indisponibilité du corps humain. En fait, le truc important c'est intangible ici – intangible, intangible, intangible, voilà, tu sais de quoi je parle.

Irrémédiablement aussi, c'est important.