lundi 19 avril 2010
Ecologie animale
jeudi 15 avril 2010
L'arracheur de dents
C'est donc « l'œil sec et le cœur cassé » qu'elle rentre chez lui, pour se faire soigner, remettre dans le droit chemin, après un deuil, un divorce et un adultère. Ses parents sont de ceux qui écoutent des récitals en appartement, les couverts bien en place aucun coude sur la table, et qui bannissent leur fille pour avoir découché. En Victor Grandier elle reconnaît « ces portraits de cour où la noblesse, l'orgueil et le prestige le disputent à la laideur ». Elle est en territoire connu, et se laissera happer jusqu'à la folie.
Avec l'Emprise, Sarah Chiche reste dans cette ambiance de maladies de riches déjà sublimement écrite dans l'Inachevée, son précédent et premier roman. Alors certes l'entourage de ceux qui se plaignent d'avoir « tout » et de n'être « rien », les trois semaines (minimum) à n'avoir que ça à foutre que de puiser dans un héritage tout chaud pour se payer un charlatan en platine aurait de quoi crisper. Mais comme dans les films d'horreur où l'on se dit au départ « quelle conne » quand la fille en jupettes poursuivie par le détraqué monte à l'étage au lieu de s'enfuir dans la rue ou d'appeler la police (sans concevoir qu'avec ce scénario, il n'y aurait pas de film), on finit par assister médusé à la descente aux enfers, littéralement parlant, d'un personnage dont on oublie très vite de se moquer.
Quand elle se met nue, se coupe de son entourage, omet de manger, fait tout ce que Victor Grandier lui ordonne y compris le supplier de l'humilier encore, on y croit, vissé sur sa chaise. A se demander jusqu'où, comment, pourquoi elle arrive à ne plus se rendre compte que rien n'a changé à part sa perception des choses, lessivée et induite en psychose par la force de Victor Grandier ; celui qui la regardait « comme si elle était quelqu'un ». Quand les fissures des murs crachent des monstres, quand elle voit son père mort, est hystérique, succube, possédée, on se demande quand tout cela va finir
Peine perdue. Au fil de somptueuses pages, aussi, sur l'injustice lancinante du deuil, des souvenirs qui ne reviendront plus, du passé en flou, mort à jamais, Sarah Chiche confirme sa maestria littéraire. Hypnotique
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Image : Devant une feuille de papier, Natacha Nikouline
dimanche 4 avril 2010
Citation
J'ai enfin réussi hier à arriver au bout des "épreuves" du Noir est une couleur, cela a été très dur, pliée en deux par les douleurs à ma table de cuisine, j'ai tout revécu ainsi, l'Allemagne, les Noirs, les Tziganes. j'ai noté quelques erreurs, minimes. Par contre, je suis stupéfaite de voir qu'on m'a enlevé, à chaque fois qu'il apparaissait, le mot "moi". Par exemple "moi je dis", "moi je pense", etc. Sabré, à chaque foi. Et pourtant, ce petit mot de colère ou d'émotion, qui servait simplement à m'affirmer, à insister, alors qu'on m'a tellement reniée, battue, violée, rejetée et j'en passe, tout au long de mes douloureuse et flamboyantes aventures, ce mot ne dérangeait personne. A part la "correctrice" qu'on m'a mise, comme je l'ai appris par téléphone. Cette "correctrice", à part sa volonté de défendre un français "épuré", qu'a-t-elle à voir avec mon "MOI" ? A-t-elle crevé de faim sous les coups, a-t-elle été pourchassée par les Flics ? S'est-elle prostituée, a-t-elle fait de la prison ? Je n'ai jamais "appris" à écrire, tout est resté "instinctif", le français académique et littéraire me reste étranger, inaccessible même, ayant raté mes études, je n'ai pas eu droit, comme mes sœurs, à l'université. Mes émotions restent à l'état "brut". C'est pourquoi mon vécu m'appartient, son expression aussi, au grand dommage des écoles.
jeudi 1 avril 2010
Hin hin hin hin
(tu sais avec quoi c'est fait les fricadelles ?)
Bref. Ce n'est pas ce qui m'intéresse ici, mais cette étude menée par Nicolas Mathevon sur un clan de 17 hyènes tachetées vivant dans une réserve près de l'Université de Berkeley. Après les avoir attirées avec des morceaux de viande et d'os, les scientifiques ont enregistré 250 échantillons de rires hyéniens. Ces échantillons ont ensuite été analysés via des algorithmes informatiques définissant des séquences statistiques déterminées par spectrogrammes.
Et pour montrer quoi ? Que ces rires peuvent indiquer le sexe, l'âge et le statut social des hyènes qui les poussent, et sont un élément important de la hiérarchie hyénique, indiquant globalement qui aura le droit d'attaquer en premier le plus gros bout de barbaque.
Cerise sur le croupion, quelques exemples sonores ici.
Cui-Cui
Ainsi, le système génétique régissant le chant de l'oiseau s'est-il révélé bien plus complexe que prévu : dans la partie de son cerveau contrôlant l'apprentissage, près de 5% des gènes sont régulés par l'action de chanter, et alors que les chercheurs pensaient y trouver une centaine de gènes, c'est plus de 800 gènes qui sont en réalité activés et désactivés par le chant (et pour Erich Jarvis, il y en aurait encore plus).
Quel rapport avec les humains ? Parce que le chant chez le diamant mandarin est affaire d'apprentissage : les bébés mâles apprennent à chanter avec leurs pères, un bon chant étant un gage de succès reproductif, puisque c'est sur ce critère que les femelles choisissent ceux avec qui elles s'accoupleront, et feront ainsi perdurer dans l'espèce les gènes des meilleurs chanteurs.
Globalement, ce génome ainsi décrypté permettra à d'autres chercheurs d'en apprendre davantage sur les gènes responsables du développement des circuits neuronaux pendant les périodes critiques de l'apprentissage, d'étudier l'effet des hormones sur le cerveau et le comportement, et de collecter des informations supplémentaires visant à asseoir un modèle des différences cérébrales liées au sexe – pendant leur développement juvénile, par exemple, les zones cérébrales dédiées à l'apprentissage du chant sont beaucoup plus atrophiées chez les femelles.
Le diamant mandarin est le second oiseau à voir son génome séquencé, le premier étant le poulet qui, s'il caquette ne communique pas via des capacités vocales acquises, et ne possède pas de zone prosencéphalique dédiée au chant.
Ces données pourraient au final aider à l'identification des origines génétiques et moléculaires des troubles du langage, y compris ceux liés à l'autisme, aux accidents vasculaires cérébraux, au bégaiement et à la maladie de Parkinson. Des résultats qui pourraient également avoir un impact sur la recherche sur la surdité et l'apprentissage des langues après une période critique.