Le 19 janvier dernier, un portrait à charge de ma petite personne est paru dans Le Monde Magazine.
Le journal ayant refusé le droit de réponse demandé par mon éditeur Stephen Carrière, je prends aujourd'hui la liberté de réagir à peu près comme bon me semble à ce pastiche de journalisme.
Avant de revenir sur les contre-vérités mentionnées dans ce portrait et, plus fondamentalement, sur les sérieux problèmes relatifs à notre "époque intellectuelle" qu'il révèle, j'aimerais commencer par réfuter ces deux phrases :
"Les scientifiques contactés pour en parler refusent tout net de perdre leur temps à commenter « des sornettes ». Sans compétences solides, piocher dans des articles scientifiques et en tirer des conclusions relève au mieux de l’opinion, au pire, de la manipulation."
en citant quelques scientifiques qui ne semblent pas de cet avis :
> STEVEN PINKER, psychologue, Université Harvard (États-Unis)
PhD obtenu à Harvard en 1979, il a aussi été enseignant à Stanford et au MIT.
« Peggy Sastre est une féministe bien plus solide que la plupart de ses détracteurs. Elle n'a pas peur de la science et n'y voit aucune menace au féminisme, ce qui lui évite donc de craindre, de distordre ou de nier la science des différences sexuelles. Elle affirme que les droits des femmes ne dépendent pas d'une identité entre les sexes, comme si les hommes étaient la mesure de toute chose et que tout écart par rapport à eux serait synonyme d'infériorité. Elle avance ses arguments avec la même rigueur qui lui a valu son doctorat de philosophie. Le féminisme qu'elle promeut est fondé sur la logique, la science et le raisonnement moral, ce qui le rend dès lors plus puissant que les misérables versions académiques reposant sur des théories ésotériques et une négation de faits parmi les plus incontestables.»
> MICHEL RAYMOND, biologiste, Université de Montpellier
Directeur de recherche CNRS. Doctorat et HDR obtenus à l'Université de Montpellier II (spécialité : Biologie des organismes et des populations)
« L’Histoire a montré qu’une idéologie peut se ridiculiser en ignorant les connaissances scientifiques, comme l’exemple de la religion catholique s’accrochant désespérément au géocentrisme. Un autre exemple étonne déjà : certains courants féministes s’opposent aux différences biologiques entre l’homme et la femme, pour mieux atteindre une égalité sociale entre les sexes. Le but est louable, mais c’est bien la Terre qui tourne. Peggy Sastre est aussi féministe, mais elle utilise l’approche évolutionniste pour prendre en compte et mieux comprendre les différences biologiques massives, scientifiquement décrites, que l’on trouve à tous les niveaux entre l’homme et la femme. Ce qui lui permet de proposer un féminisme plus réaliste – et donc plus intéressant – car purgé de l’idéologie, commune en France, considérant qu’il n’y a aucune part de biologie dans nos comportements. »
> CLAUDINE JUNIEN, professeur émérite de génétique médicale
Diplômée de la faculté de Pharmacie et Docteur es Sciences, chevalier de la Légion d’Honneur et membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine.
« Peggy Sastre se bat avec courage et détermination pour un féminisme basé sur les abondantes données validées de la Science et contre un féminisme, obsolète, et qui se situe, lui, dans le déni/rejet obscurantiste du fait biologique. Avéré par des milliers de travaux scientifiques consignés dans des publications validées à la croissance inexorablement exponentielle, le fait biologique n'est donc pas une « théorie » comme certaines voudrait le faire accroire. Pour faire passer de fumeuses théories telles les "gender studies", un certain féminisme espère – par la déconstruction des préjugés et stéréotypes de genre qui, depuis des millénaires, polluent effectivement le fonctionnement de nos sociétés – parvenir à un nouveau graal qui serait celui de la "neutralité du genre", et qui nous mettrait tous, femmes et hommes, sur un pied d'égalité.
Dans son ouvrage « l'Asservissement des Femmes " John Stuart Mill (1869) énonçait déjà avec clairvoyance : ce qu'on appelle aujourd'hui la nature des femmes est quelque chose d'éminemment artificiel, résultant d'une répression forcée par certains côtés et d'une stimulation contre nature par d'autres ». Les stéréotypes de genre également appliqués au masculin montrent que cette formule concerne aussi les hommes.
Mais comme Steven Pinker l'a clairement défendu, « the blank slate », (2002) l'ardoise « vierge ou blanche » n'est qu'un leurre, une vue de l'esprit qui ne résiste pas aux nouvelles approches de la psychologie expérimentale et aux nouvelles données des neurosciences. Même si nous parvenions au gommage des stéréotypes de genre imposés par nos cultures au fil des siècles, il faudra bien s'accommoder des dimorphismes sexuels apparus au cours de l'évolution et inexorablement ancrés dans notre patrimoine génétique, et ce dès la conception.
Ce que Peggy Sastre décrit, sans compromis et avec un louable souci de rigueur scientifique, dans La domination masculine n'existe pas en 2015, c'est que le fait biologique est neutre. La Science n'a pas pour objet d'émettre des jugements : elle expose des réalités et tente d'interpréter ce que ses outils techniques et intellectuels du moment lui permettent de révéler. En constant progrès, elle offre à la société de nouvelles facettes qui seront, pour certaines, remises en question. Elles devront faire l'objet de nouveaux débats, de nouveaux ajustements pour nous placer hors du champ de la « répression forcée » et de la « stimulation contre nature », en adaptant les rôles, attributs et comportements souhaitables des femmes et des hommes au plus près de leur nature. Mais du fait même de leur caractère évolutif des données scientifiques, il faut les faire évoluer sans cesse à la lumière de nouvelles découvertes. Ces découvertes doivent être basées sur des études méthodologiquement irréprochables qui permettent de dévoiler le réel accessible, sans les occulter ou en donnant la préférence à une idéologie mais en prenant appui au contraire mais avec mesure et discernement sur les bases des principes moraux fondamentaux de notre espèce (The righteous mind, Jonathan Haidt, 2012).
Depuis des millénaires, comme le montrent les données des nombreuses études sur l'évolution des espèces, les espèces vivantes qui n'ont pas disparu n'ont survécu qu'en adoptant de nouvelles caractéristiques génétiques. Ces nouveaux traits ont favorisé, selon le lieu, les expositions et les circonstances, soit le sexe femelle soit le sexe mâle ou les deux à la fois, et, à terme, la reproduction et la survie de l'espèce. Cependant, malgré l'avalanche de données illustrant les différences à tous les niveaux entre les femmes et les hommes, le corps reste le grand oublié de la parité.
Dans son livre Le sexe des maladies (2014) Peggy Sastre dressait un bilan rigoureux et scientifique des conséquences des changements survenus non seulement au niveau de notre système reproductif mais aussi au niveau de tous nos organes y compris le cerveau avec l'ensemble de ses cellules, puisque, dès l'instant de la conception, avec une paire de chromosomes sexuels XX pour la fille, XY pour le garçon chacune de nos 60 000 milliards de cellules possède un sexe. Ainsi pour éviter, comme le souligne Raphaël Enthoven, que «Les nouveaux censeurs progressistes nous préparent un enfer» (Eugénie Bastié FIGAROVOX/ENTRETIEN 9/01/2018), seul le décryptage des mécanismes sélectionnés au fil de l'évolution, permettra de cibler le bon mécanisme chez la femme et/ou chez l'homme pour trouver de nouvelles approches diagnostiques et de nouveaux médicaments appropriés à chaque sexe…
Dans son ouvrage « l'Asservissement des Femmes " John Stuart Mill (1869) énonçait déjà avec clairvoyance : ce qu'on appelle aujourd'hui la nature des femmes est quelque chose d'éminemment artificiel, résultant d'une répression forcée par certains côtés et d'une stimulation contre nature par d'autres ». Les stéréotypes de genre également appliqués au masculin montrent que cette formule concerne aussi les hommes.
Mais comme Steven Pinker l'a clairement défendu, « the blank slate », (2002) l'ardoise « vierge ou blanche » n'est qu'un leurre, une vue de l'esprit qui ne résiste pas aux nouvelles approches de la psychologie expérimentale et aux nouvelles données des neurosciences. Même si nous parvenions au gommage des stéréotypes de genre imposés par nos cultures au fil des siècles, il faudra bien s'accommoder des dimorphismes sexuels apparus au cours de l'évolution et inexorablement ancrés dans notre patrimoine génétique, et ce dès la conception.
Ce que Peggy Sastre décrit, sans compromis et avec un louable souci de rigueur scientifique, dans La domination masculine n'existe pas en 2015, c'est que le fait biologique est neutre. La Science n'a pas pour objet d'émettre des jugements : elle expose des réalités et tente d'interpréter ce que ses outils techniques et intellectuels du moment lui permettent de révéler. En constant progrès, elle offre à la société de nouvelles facettes qui seront, pour certaines, remises en question. Elles devront faire l'objet de nouveaux débats, de nouveaux ajustements pour nous placer hors du champ de la « répression forcée » et de la « stimulation contre nature », en adaptant les rôles, attributs et comportements souhaitables des femmes et des hommes au plus près de leur nature. Mais du fait même de leur caractère évolutif des données scientifiques, il faut les faire évoluer sans cesse à la lumière de nouvelles découvertes. Ces découvertes doivent être basées sur des études méthodologiquement irréprochables qui permettent de dévoiler le réel accessible, sans les occulter ou en donnant la préférence à une idéologie mais en prenant appui au contraire mais avec mesure et discernement sur les bases des principes moraux fondamentaux de notre espèce (The righteous mind, Jonathan Haidt, 2012).
Depuis des millénaires, comme le montrent les données des nombreuses études sur l'évolution des espèces, les espèces vivantes qui n'ont pas disparu n'ont survécu qu'en adoptant de nouvelles caractéristiques génétiques. Ces nouveaux traits ont favorisé, selon le lieu, les expositions et les circonstances, soit le sexe femelle soit le sexe mâle ou les deux à la fois, et, à terme, la reproduction et la survie de l'espèce. Cependant, malgré l'avalanche de données illustrant les différences à tous les niveaux entre les femmes et les hommes, le corps reste le grand oublié de la parité.
Dans son livre Le sexe des maladies (2014) Peggy Sastre dressait un bilan rigoureux et scientifique des conséquences des changements survenus non seulement au niveau de notre système reproductif mais aussi au niveau de tous nos organes y compris le cerveau avec l'ensemble de ses cellules, puisque, dès l'instant de la conception, avec une paire de chromosomes sexuels XX pour la fille, XY pour le garçon chacune de nos 60 000 milliards de cellules possède un sexe. Ainsi pour éviter, comme le souligne Raphaël Enthoven, que «Les nouveaux censeurs progressistes nous préparent un enfer» (Eugénie Bastié FIGAROVOX/ENTRETIEN 9/01/2018), seul le décryptage des mécanismes sélectionnés au fil de l'évolution, permettra de cibler le bon mécanisme chez la femme et/ou chez l'homme pour trouver de nouvelles approches diagnostiques et de nouveaux médicaments appropriés à chaque sexe…
> NICOLAS GAUVRIT psychologue et mathématicien
Doctorat en sciences cognitives (EHESS, ENS), HDR (EPHE)
« Peggy Sastre est une journaliste ayant deux particularités qui, dans un monde idéal, n’en seraient pas. La première est qu’elle connaît les champs scientifiques sur lesquels elle publie. Elle lit la littérature scientifique à la source et ne se contente pas du témoignage des experts auto-proclamés les plus médiatiques. Elle s’approche plus volontiers de ceux qui ont fait avancer la science que de blogueurs sans expérience scientifique, fussent-ils bruyants. La seconde est qu’elle ne tient pas compte d’éventuels risques de choquer telle ou telle partie des lecteurs, tenant en plus haute estime la vérité que le politiquement correct. Ces deux qualités sont hélas aujourd’hui perçues comme des défauts. Il est de bon ton de considérer comme solide toute étude dont les conclusions semblent moralement compatibles avec l’idéologie du moment et de honnir toute autre espèce de recherche, indépendamment de la méthodologie mise en place. La vérité fait place à la post-vérité, où ce qui compte est l’effet d’une annonce sur l’auditeur bien plus que la réalité des faits. Le « portrait » à charge qui est dressé d’elle dans Le Monde illustre un aspect désolant de notre époque : celui qui ose dire vrai plutôt que de rentrer dans le rang doit être puni. »
> JEROME H. BARKOW, professeur émérite d’anthropologie, Université Dalhousie (Canada).
PhD en Anthropologie de l’Université de Chicago. Co-éditeur en 1992 de The Adapted Mind: Evolutionary Psychology and the Generation of Culture, manuel de référence de la psychologie évolutionnaire.
« Peggy Sastre comprend que la biologie évolutive s'applique à toutes les espèces et que seule une croyance hybristique en un exceptionnalisme humain permet à des féministes et des chercheurs en sciences sociales d'affirmer que nous serions uniques en notre genre et que la sélection sexuelle n'aurait pas produit de différences entre la majorité des mâles et des femelles humains. Mais Sastre sait aussi que la biologie n'est un destin que si nous l'ignorons. On peut commencer à combattre la rivalité fraternelle en acceptant ses fondements biologiques et en composant avec eux, ce qui nous permet d'obtenir souvent de très bons résultats. Sastre sait que cela s'applique aussi à la tendance masculine d'user de la force pour s'imposer sexuellement à autrui. Dans les deux cas, le fait que le comportement soit un produit de l'évolution biologique ne veut pas dire qu'il est inévitable, mais simplement qu'il perdura au gré des générations et donc que nous devrons continuellement nous en occuper. Assimiler le « biologique » ou le « produit de l'évolution » au déterminisme relève tout simplement de l'ignorance. »
> GEOFFREY MILLER, psychologue, Université du Nouveau Mexique
PhD de psychologie expérimentale obtenu à Stanford en 1993.
« Forte d'un courage intellectuel certain, Peggy Sastre est une journaliste et une essayiste qui comprend comment l'évolution a pu modeler des différences entre les sexes. Ses positions sont conformes à l'état de l'art des sciences biologiques, mais sont taboues dans le monde des féministes culturalistes, des sciences sociales et chez beaucoup de journalistes. Il n'est donc pas rare qu'elle déchaîne l'ire d'universitaires ou de blogueurs qui ne comprennent rien à la biologie, à la génétique ou aux neurosciences.»
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