mardi 25 mars 2008

C'est la gueeeeeeeeerre !!!

Depuis quelques semaines, le web 2.0 semble être dans le pif de certains installés de la vraie vie. Ca a commencé avec les affaires « Note2be » , « lespipoles » et ça continue depuis la semaine dernière avec « Fuzz » . Pour faire court sur ce point, je trouve déplorable l’habitude que certains ont de transférer les agoras dans les prétoires (la formule n’est pas de moi mais d’Alain Finkielkraut qui, une fois n’est pas coutume, ne dit pas que des conneries). Outre que cela cache souvent de sombres histoires de gros sous, se fonde sur des notions hyper floues comme le « respect de la vie privée », la juridiciarisation à outrance de notre beau pays est à ce point handicapante pour la pensée qu’elle en devient calcifiante. Si, avant de penser, avant de même de réfléchir à la façon d’exprimer le plus clairement et précisément possible ce qu’on a derrière le crâne (la preuve que ce n’est pas si facile), il faut en plus s’imaginer qu’une horde de mal-embouchés viendra se saisir de ce que vous dites pour vous réclamer des dommages et intérêts ; je dis stop. Que les atteints dans leur honneur aillent se faire soigner en relisant des manuels de sorcellerie, la dinguerie qui veut qu’un mot équivaille à un acte n’aura pas ma voix - ah ah.

Ce n’est pas tant donc sur les limites de la liberté d’expression que je veux axer mon billet du jour mais sur cette récupération qui commence à pointer le bout de son nez autour de ces sinistres (pour ne pas dire absconses) affaires - récupération dont je verrais un parangon dans cet article.

AgoraVox donc, pour ceux qui ne le savent pas encore, fait partie de ces sites d’informations autoproclamés médias citoyens, qui, à l’instar de Rue89, Mediapart et autres, n’ont rien trouvé de mieux à faire que de recréer sur le web ce que le web, ou tout du moins ses pionniers californiens, avait en horreur : l’ordre, la verticalité et la modération. Ce paradoxe chaotique d’Internet, ce tuyau le plus anarchique qu'il ait été donné à une armée de créer, le fait que n’importe qui puisse, sans diplômes, sans nom et sans argent s’exposer et être immédiatement visible, y compris à l’autre bout de la planète et dont le seul moteur de croissance est celui de la réputation (j’aime/j’aime pas), évidemment, c’était fait pour gêner ceux qui, depuis leur plus jeune âge, ont été baignés dans l’idéologie du : « reste assis et écoute ce qu’on te dit, quand tu seras plus grand, ce sera ton tour de taper sur les doigts ». En bref ceux qui, pour vivre ou pour penser, ont besoin de repères, de limites, de piquets à planter et de bordures à tailler – sinon c'est n'importe quoi.

N'importe quoi donc, que de dire des choses sans en vérifier les sources, d'exprimer ce que l'on pense sans réfléchir auparavant pour savoir si c'est bien pensable, digne, honnête et droit. N'importe quoi, en effet, de ne pas demander la permission au clercs, évidemment toujours bien intentionnés, pétris de déontologie à en faire déborder les coupes, d'humanisme plein les poches et de civisme plein les mirettes. N'importe quoi de n'avoir aucun projet – entendre ici aucun projet qui ne concerne le collectif dans son ensemble, dans son homogénéité, dans sa démocratie – terme bien pratique pour dire l'écrasement des minorités par des majorités.

Ce que désire en particulier AgoraVox, c'est que :

ce procès qui probablement n’ira pas plus loin que le buzz qu’il provoque [incite] les tenants du web 2.0 à réfléchir sur leurs pratiques et surtout arrêter de nous gonfler avec la pseudo liberté d’expression et avec cette tautologie qui voudrait que « le net c’est pas pareil »

Évidemment, on n'en attendait pas moins des tenants de la parole adoubée qu'ils se « félicitent » de voir le web 2.0 (qui n'a même pas de définition, encore une preuve qu'il est louche) en proie avec la justice, parce qu'au fond « ça va leur apprendre quelque chose » - et ils tourneront désormais sept fois leur langue dans leur bouche.

De la même manière que les industriels à papa, les vendeurs de clous et de vis, se sont frotté la panse lors de l'effondrement, en 2000, de la bulle Internet (voir cette vidéo), une certaine frange de ces fameux médias citoyens sabre le champagne en nous refaisant le coup du Comité de Salut Public :

De même qu’on ne peut pas tout dire, on ne peut pas davantage relayer n’importe quoi. Qu’on propage une information non vérifiée (c’est-à-dire une rumeur) est grave, qu’on la transmette juste pour faire du buzz et, au bout du compte, changer ses clics en monnaie sonnant et trébuchante (car c’est de cela qu’il s’agit) l’est tout autant.

Grave, le mot est lâché. Il y donc des choses graves et d'autres pas. Dire que tel people couche avec tel autre ou laisser les élèves dire ce qu'ils pensent de leurs profs, ça c'est grave, voir son site fermé du jour au lendemain, ce n'est pas grave, c'est instructif. Toute la subtilité de la punition en somme, résumée dans cette phrase de conclusion :

Il vaudrait mieux pour Eric Dupin que la décision de justice lui soit favorable, évidemment, mais aussi qu’elle lui soit instructive. Car celle-ci n’est qu’un avertissement. Et il s’adresse à l’ensemble du Web 2.0

Aglagla maîtresse !!!

N.B : un blog à suivre


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