mardi 29 juillet 2008

Faute

Ils disaient « ce porc », « ce fils de pute », ou encore « tu t'imagines ses seins sous son t-shirt, pas étonnant qu'il ne voulait pas se baigner » - ils parlaient d'un candidat transexuel d'une émission de télé-réalité de l'an passé. Secret Story, où Erwan était né fille et avait débuté le processus pour devenir garçon. Dans la bouche des ces adolescents, l'individu était évidemment relégué au rang de monstre, avec un peu plus de morgue dans la voix pour montrer toute l'abjection de l'être pas normal. Mais ils disaient aussi « tu te rends compte, je dis 'il' » - « ouais, ça fait bizarre quand même », attestant, par là et malgré eux, que le charme, un peu, opérait. Comme l'homme enceint – l'apparence de l'homme, les organes sexuels et génitaux intacts d'une femme lui permettant la gestation. Le choc demeure, mais le passe-passe fonctionne, et c'est déjà ça.

Évidemment qu'on ne peut pas forcer « les gens » à accepter ce qui les repousse, de la même manière qu'envisager qu'un homme se fasse enculer, ça en retourne pas mal sur son passage. Telle est la bassesse du maximalisme : ce qui n'est pas comme moi n'existe pas, et s'il existe, il doit se remettre dans le droit chemin – par la force d'un manche à balai s'il le faut. N'empêche, plus les « pas comme » se feront visibles, plus les normes éclateront, plus les réflexes des singes apeurés diminueront – qu'on me laisse au moins cet espoir-là.

C'est une autre peur, sans nul doute aussi légitime que connue, qu'a exprimée Janett Scott, ancienne présidente de la Beaumont Society, un groupe anglais de soutien aux transexuels, à l'annonce des résultats d'une étude autrichienne émettant l'hypothèse de facteurs génétiques à l'œuvre dans le transexualisme féminin (les FtM – female to male, naissance femelle et transformation mâle). Si l'on découvre de tels facteurs biologiques pour le transexualisme, alors on sera tenté d'en faire une maladie, et d'en chercher des traitements. « La nature a peut-être fait de nous ce que nous sommes, mais la culture est ce qui nous pose problème »

Selon les chercheurs de l'Université Médicale de Vienne, une variation d'un gène codant pour un enzyme appelé cytochrome P17, déjà connue dans son rôle pour le métabolisme des hormones sexuelles, se retrouverait plus fréquemment chez les femmes ressentant des troubles dans leur genre – le sentiment d'être homme dans un corps de femme. Et ce, sur l'échantillon de 49 FtM, pour une différence d'un peu plus de 10 % : 31% des individus « test » étaient porteurs de la variation génétique, contre 44% chez les FtM de l'étude. Pourquoi ? Parce que ce gène mutant ferait grimper les taux de testostérone durant le développement fœtal, influant le cerveau de celle qui se sentira celui. Pour Clemens Tempfer, directeur des recherches, cette étude pourrait permettre des réassignations plus précoces et donc plus efficaces pour ces cerveaux qui se seraient, pour ainsi dire, trompés de corps. Une étape de plus vers la visibilité.


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Sources :

- 'Transsexuality gene' boosts male hormones
- A polymorphism of the CYP17 gene related to sex steroid metabolism is associated with female-to-male but not male-to-female transsexualism






2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Si l'on découvre de tels facteurs biologiques pour le transexualisme, alors on sera tenté d'en faire une maladie, et d'en chercher des traitements. La nature a peut-être fait de nous ce que nous sommes, mais la culture est ce qui nous pose problème".

Je n'ai aucune étude à l'appui pour étayer le propos, mais j'ai eu vent de théories similaires sur une supposée origine génétique de l'homosexualité: en gros, ça parlait de dérèglement de leur sensibilité aux phéromones.

Probablement parce que je n'aime pas plus que toi l'idée de correction et de thérapie normative, quand j'ai entendu ça, ça m'a un peu interpellé. Aussi parce que je n'avais rien à répondre...

Anonyme a dit…

Mon chien est 100% gay, je peux l'attester. Visiblement transgenre aussi, mais pour un chien, c'est plus dur à voir. Il ne m'a pas encore piqué mes talents hauts.