jeudi 18 décembre 2008

Mite

Quand j'étais jeune (pour ne pas dire petite) un voisin avait décidé de transformer sa maison en chalet canadien, il avait acheté le bois, fait les travaux, tapé, cloué... Au bout de quelques mois, la transformation terminée, certains voisins toujours bien intentionnés (c'est la définition du terme) avaient jugé que la maison jurait. Qu'un chalet canadien, là, dans un lotissement upper-class de crypto-banlieue, ça faisait tâche, ça n'allait pas, non, impossible. Le voisin amoureux des caribous fut donc forcé de tout démonter et de remettre sa maison en « l'état ». Ce qu'il fit, avant de vendre sa propriété et d'aller voir plus loin si on voulait bien accepter sa xylophilie.

Je n'ai jamais saisi cette histoire, pourquoi quelqu'un ne pouvait pas faire ce qu'il voulait de sa propriété. Pourquoi les nains de jardins, les mouettes en plâtre les hortensias oui, et pourquoi les lattes de bois sur murs extérieurs, non. Pourquoi cette putain d'harmonisation obligatoire, à tes frais en plus, aller et retour, et pourquoi la politesse de ne pas partir de nuit en plastiquant le tout...

En même temps, à y réfléchir, il y a pire qu'un beauf contraint d'abandonner ses lubies d'architecture boréale, il y a ça : Thierry Ehrmann, auteur de la Demeure du Chaos, et le Collectif des Artistes prennent acte que l’Arrêt de la Cour d’Appel de Grenoble les condamne à la remise en état demandée par le Ministère public ainsi que la Mairie Réac de Saint Romain au Mont d’Or, qui s’acharne dans son “négationnisme artistique” depuis 9 années.

Je suis évidemment passablement énervée par ce genre de jugement, pour ne pas dire plus (aglagla, a peur). J'espère que le pourvoi en Cassation portera ses fruits, c'est tout.

Il y a peu, je parlais avec une amie du fait que l'état actuel de la France pourrait très bien faire l'objet d'un roman dystopique. Sauf que ce n'est pas de la fiction, c'est réel. Ça arrive maintenant, c'est vrai : en France, on emprisonne des gens sous prétexte qu'ils ont une attitude bizarre, en France, le président de la République en appelle à la chialerie publique si un vice de forme juridique lui déplaît, en France, on démolit des œuvres d'art parce qu'elles jurent dans le paysage... jusqu'où va-t-on descendre disait l'autre ?

Et pendant ce temps là, rassurez-vous, les marrons glacés s'empaquètent.



5 commentaires:

Goran a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Vince a dit…

"Le France, tu l'aimes ou tu la kit." (Valérie Damidot)

Goran a dit…

"Komm Karla, c'est kat ou kit"

Goran a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Goran a dit…

Après avoir ± atrophié (par quelques bons livres) cette essentielle faculté d'auto-aveuglement ou d'auto-imposture, comment alors continuer de supporter l'humain ...
Certes pas en plastiquant à tout crin les puritanismes : indifférence, indifférence ...
N'ayant aucune réponse intéressante en vue "on ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va", j'aime juste prendre la ligne des plaisirs, à la recherche des endorphines perdues ...