jeudi 31 juillet 2008

Trop fou

Pourquoi une étude scientifique n'aurait-elle pas comme résultat de démontrer l'évidence ? Oui, je demande : pourquoi ? Dans sa livraison de juin, le bimestriel Journal of Family Psychology contient un article émettant l'hypothèse que les couples homosexuels tentés par l'officialisation de leur union (mariage, acte civil, etc.) sont aussi ceux qui ont les plus fortes convictions religieuses et/ou ont des enfants. Oui, carrément trop incroyable, quand on possède un cerveau déjà prompt à la soumission sociale, ça s'applique partout, et cela même si son « mode de vie », a priori, choque le bourgeois – je vais exprès d'adopter une rhétorique d'anarco-syndicaliste à pied plat, parce que je trouve ça rigolo, voilà, je précise.

190 personnes de même sexe et « cohabitantes » (je ne dis pas « comprésentes » parce que je me fous de Florence A. - telle était la parenthèse private joke) habitant l'Illinois ont rempli un questionnaire appelé « Rainbow Illinois survey ». A l'origine, ce questionnaire, rassemblant 527 personnes auto-identifiées GLBT (gays, lesbiennes, bisexuels & transgenres) a été conçu par Ramona Faith Oswald de l'Université de l'Illinois pour étudier le mode de vie « rural » de ces individus (et de savoir, en gros, ce que ça change d'être « différent » à la campagne plutôt qu'à la ville). Sur ces 190 personnes, 150 avait officialisé légalement leur union (l'hypothèse d'une légalisation comme stratégie de défense contre l'homophobie ambiante a été exclue par les chercheurs). Sur ces 150, Ramona Faith Oswald distingue deux sous-groupes : les « légaliseurs » et les « ritualiseurs » - les premiers se contenant d'une officialisation sans tralala, les seconds passent par des cérémonies. Et bien la probabilité d'être un ritualiseur plutôt qu'un légaliseur est multipliée par 3,5 quand un des membres du couple appartient à une communauté religieuse, et/ou si l'un des membres a un ou des enfants – le plus souvent d'unions précédentes, et le plus souvent des adolescents. Néanmoins, le plus fort critère de prédictibilité d'une officialisation, ritualisée ou non, reste la longueur de la relation.

Et Ramona de conclure : « cette étude est importante puisqu'elle distingue les aspects légaux des rituels à l'œuvre dans la solidification d'une relation. Tous les couples de même sexe ne veulent pas de protection légale et de reconnaissance rituelle. Néanmoins, ceux qui le veulent le font pour les mêmes raisons que les couples hétérosexuels : pour les enfants et pour leur engagement religieux». Trop fou, donc, c'était le titre.

***

Source :

Structural and moral commitment among same-sex couples: Relationship duration, religiosity, and parental status, Oswald, Ramona Faith; Goldberg, Abbie; Kuvalanka, Kate; Clausell, Eric, Journal of Family Psychology. 2008 Jun Vol 22(3) 411-419



mercredi 30 juillet 2008

L'évolution par la mort


(Oui, c'est un titre qui tue)

Le journal PLoS ONE est très bien, parce qu'il est en ligne et gratuit – et aussi parce qu'il est très bien. Dans sa dernière livraison, on y trouve une étude concernant l'évolution différenciée de deux catégories de félidés : les félins, animaux existants encore de nos jours (chats domestiques, tigres, lions,etc.), et les machairodontinae ou « dents de sabre » (smilodon, thylacosmilus, pogonodon, etc.), bêtes disparues aujourd'hui et reconnaissables par leurs énormes canines externes (d'où « dents de sabre », tel est le concept).

Et bien cette étude montre que la séparation de ces cousins répond à deux façons distinctes de tuer. D'un côté, les félins tuent leur proie d'une morsure puissante : l'important est donc de posséder des muscles forts. De l'autre, les dents de sabre tuent par morsure coupante : l'important est donc de posséder des grosses dents acérées.

La stratégie de la grosse dent, en milieu à forte densité de proies comme cela semblait le cas lors du Miocène-Pliocène, était la bonne. Les dents de sabre, compte-tenu du nombre des fossiles retrouvés, proliférèrent alors. Avec des grosses proies, une coupure qui les faisait se vider rapidement de leur sang était préférable. Mais cet écosystème changea, dans des proportions et selon des causes qui demeurent aujourd'hui encore floues. La moindre force des muscles des machairodontinae leur fut alors fatale, les gros muscles arrivaient par exemple à voler les carcasses qu'ils avaient tuées.

Aujourd'hui, le félidé le plus proche des dents de sabre est le léopard tacheté (Neofelis nebulosa). Si cet animal a aujourd'hui les canines les plus longues de son espèce, il pourrait, pour Per Christiansen, du musée zoologique de Copenhague et directeur de l'étude, en fonction de la morphologie de son crâne, « redevenir » une dent de sabre.




mardi 29 juillet 2008

Faute

Ils disaient « ce porc », « ce fils de pute », ou encore « tu t'imagines ses seins sous son t-shirt, pas étonnant qu'il ne voulait pas se baigner » - ils parlaient d'un candidat transexuel d'une émission de télé-réalité de l'an passé. Secret Story, où Erwan était né fille et avait débuté le processus pour devenir garçon. Dans la bouche des ces adolescents, l'individu était évidemment relégué au rang de monstre, avec un peu plus de morgue dans la voix pour montrer toute l'abjection de l'être pas normal. Mais ils disaient aussi « tu te rends compte, je dis 'il' » - « ouais, ça fait bizarre quand même », attestant, par là et malgré eux, que le charme, un peu, opérait. Comme l'homme enceint – l'apparence de l'homme, les organes sexuels et génitaux intacts d'une femme lui permettant la gestation. Le choc demeure, mais le passe-passe fonctionne, et c'est déjà ça.

Évidemment qu'on ne peut pas forcer « les gens » à accepter ce qui les repousse, de la même manière qu'envisager qu'un homme se fasse enculer, ça en retourne pas mal sur son passage. Telle est la bassesse du maximalisme : ce qui n'est pas comme moi n'existe pas, et s'il existe, il doit se remettre dans le droit chemin – par la force d'un manche à balai s'il le faut. N'empêche, plus les « pas comme » se feront visibles, plus les normes éclateront, plus les réflexes des singes apeurés diminueront – qu'on me laisse au moins cet espoir-là.

C'est une autre peur, sans nul doute aussi légitime que connue, qu'a exprimée Janett Scott, ancienne présidente de la Beaumont Society, un groupe anglais de soutien aux transexuels, à l'annonce des résultats d'une étude autrichienne émettant l'hypothèse de facteurs génétiques à l'œuvre dans le transexualisme féminin (les FtM – female to male, naissance femelle et transformation mâle). Si l'on découvre de tels facteurs biologiques pour le transexualisme, alors on sera tenté d'en faire une maladie, et d'en chercher des traitements. « La nature a peut-être fait de nous ce que nous sommes, mais la culture est ce qui nous pose problème »

Selon les chercheurs de l'Université Médicale de Vienne, une variation d'un gène codant pour un enzyme appelé cytochrome P17, déjà connue dans son rôle pour le métabolisme des hormones sexuelles, se retrouverait plus fréquemment chez les femmes ressentant des troubles dans leur genre – le sentiment d'être homme dans un corps de femme. Et ce, sur l'échantillon de 49 FtM, pour une différence d'un peu plus de 10 % : 31% des individus « test » étaient porteurs de la variation génétique, contre 44% chez les FtM de l'étude. Pourquoi ? Parce que ce gène mutant ferait grimper les taux de testostérone durant le développement fœtal, influant le cerveau de celle qui se sentira celui. Pour Clemens Tempfer, directeur des recherches, cette étude pourrait permettre des réassignations plus précoces et donc plus efficaces pour ces cerveaux qui se seraient, pour ainsi dire, trompés de corps. Une étape de plus vers la visibilité.


***

Sources :

- 'Transsexuality gene' boosts male hormones
- A polymorphism of the CYP17 gene related to sex steroid metabolism is associated with female-to-male but not male-to-female transsexualism






Mémé bourrée



La musaraigne de Malaisie (Ptilocercus lowii) est sur les rangs pour décrocher la palme de l'animal le plus cool du monde. Outre qu'elle a une queue poilue, qu'elle est la bestiole encore en vie aujourd'hui se rapprochant le plus de notre ancêtre commun, elle se nourrit exclusivement de bière. En l'occurrence, il s'agit du nectar fermenté d'un palmier (Eugeissona tristis) titrant à 3,8%. Régime exclusif on a dit, et jamais ivre notre grand-mère à tous. Les premières études démontrent que son organisme lui permettrait de dégrader très rapidement l'alcool. Pour autant, les gélules d'extraits de musaraigne malaisienne sont inefficaces pour leurrer les alcootests – inutile donc pour Roselyne Bachelot d'essayer de les interdire.




***

Sources :

- Malaysian Shrew Survives on Beer
- Chronic intake of fermented floral nectar by wild treeshrews



lundi 28 juillet 2008

Ton truc, c'est le contrôle

Faut bien essayer de compenser, vu que j'ai une vie de merde. Du style à me faire pousser un bouton dégueulasse sous la lèvre impossible à péter sans laisser de traces, et impossible à laisser faire ; non plus. Je suis un cliché sur pattes et mon casual friday dure toute la semaine. Je suis une sous merde, une sombre merde, une pauvre merde, et tous les gens autour de moi se ressemblent. Ils mangent à la cantine. Et le pire, c'est qu'ils m'admirent.

Mon travail me permet de faire des expériences humaines et d'avoir avec le produit un véritable engagement citoyen. L'essentiel ce sont les rencontres, et d'être ouvert à l'inattendu.

C'est facile de critiquer, tout ça c'est de l'aigreur, moi je m'éclate. J'ai tellement une tête de con que n'importe qui de normalement constitué aurait envie de me taper. Mais il m'arrive aussi de pouvoir goûter d'authentiques moments de bonheur simple.

Je suis l'émanation universelle du connard international. De tout temps, j'existe, et par en-dessous je te dévore. C'est dans les steppes immémoriales que je puise l'énergie de mes boutons de manchette. Oui, tel est le stade personnel et proprement individuel de ma distinction ; ce sont les boutons de manchette.

J'aime le luxe, intimement, au plus profond de ce que je suis, et tu ne pourras rien y changer. J'aime les belles choses, aux lignes aussi ciselées que de l'aluminium semi-conducteur. Avec une patte trop courte ne lui permettant de se gratter que la moitié du dos. Je suis la preuve vivante qu'une autre philosophie d'entreprise est possible.

Aujourd'hui, je suis manager d'un groupe d'analyse qualité partenaire, demain je serai responsable communication pour un lobby de créateurs d'événementiels fournisseur d'expertise. Hier, je pourrissais lentement entre deux doigts de crème de cassis.

Mais je m'en fous, je suis le maître du monde.

(ah ah ah ah ah !)



Souris de laboratoire, à nœud

Dans son édition du 12 juillet dernier, l'excellent magazine New Scientist nous apprend qu'il n'y aurait pas seulement un type de cerveau humain mais bien deux : le masculin et le féminin. Apprend, en fait, pas vraiment, puisque rien ce que rapporte le journal n'est «exclusif» - les études présentes dans ce compte-rendu remontent pour certaines à 2001 (et vont jusqu'au début 2008). Mais tout cela est vraiment neuf pour notre belle contrée où une spécialiste du sujet, Catherine Vidal, répète à qui veut bien l'entendre qu'envisager des différences entre les sexes qui ne seraient pas environnementales et culturelles relève du nazisme qualifié (Voir l'édifiant Cerveau, Sexe et Pouvoir).

En résumé, selon que nous soyons homme ou femme, « nous » n'avons pas les mêmes façons de réagir à l'addiction, à la douleur, nous ne nous servons pas des mêmes zones de notre cerveau pour contrôler nos émotions et les choses se complexifieraient même selon notre couleur de cheveux (les rousses, faites gaffe).

Pour Jeff Mogil, de l'Université MacGill de Montréal, l'avenir est à une science sexuée et l'urgence : sortir de l'unique modèle à pénis : «C'est scandaleux. Les femmes sont celles qui ressentent le plus la douleur et notre modèle de base dans les recherches sur la douleur, c'est toujours le rat mâle. Tous les ans ou tous les deux ans, notre équipe publie un papier montrant que ce que l'on croyait vrai auparavant ne fonctionne finalement que pour les hommes. Nous continuerons à faire que ces chercheurs se sentent mal, parce qu'ils passent complètement à côté des choses ».

Parenthèse : encore la preuve que les avancées de la biologie n'ont rien d'un enfermement dans un déterminisme de foire, mais creusent les différences, analysent les individualités et complexifient toujours un peu plus le prisme de la nature humaine, lui faisant perdre ses jalons d'immuabilité et d'homogénéité. Et c'est tant mieux.




vendredi 25 juillet 2008

La société du spectacle

De mon temps, ce n'était pas si facile de faire ce qu'on voulait, tu sais. Il y avait l'autorité, les baffes, le respect. Mais l'idée n'est pas de regretter quoi que ce soit ou d'en vouloir à quiconque, l'idée c'est de faire avec les choses comme elles viennent, mais d'avoir des principes.

Des lunettes qui pendent à un fil, le front qui se plisse de ceux qui ont du mal à réfléchir, qui souffrent en espérant qu'une fronce de sourcil éjectera un peu plus de jus dans les circuits. Un cerveau, c'est comme une voiture, tu sais, si tu ne mets pas d'essence, tu ne peux pas démarrer. Il lève des fois les yeux et regarde autour de lui, il pourrait parler s'il ne murmurait pas, ne pas faire de vagues dit-il, tu n'as pas besoin de faire de scandale, les choses vont s'arranger.

Elle, elle pète les plombs, elle le dit d'ailleurs « si ça continue je vais péter les plombs », alors elle les pète, un par un, elle se lève et sa voix se colle sur le haut de sa gorge, elle éructe, elle nasillarde, elle se coince un peu à en pleurer des yeux. Elle bouscule, elle pousse, ce qui n'est plus possible n'est désormais plus tolérable, il faut que ça se sache, il faut que ça s'entende, il faut que ça se sente. Complètement hystérique cette pauvre fille.

Son ventre sec remonte sa ceinture bombée, comme dans un triptyque de Cranach, sa peau blanche s'étire sèche, se flasque. Elle en a porté trois, ils se sont développés à l'intérieur d'elle-même, elle a fait son devoir d'organe, elle a attendu, se serait résignée si elle connaissait le sens du mot désir. Cela fait partie de ce qui ne se discute pas.

Il ne regarde plus rien, il se baisse vers ses pieds et il souffle, tant de mots qui ne passent pas cette barrière de la langue, il pense en silence, tellement fort qu'on pourrait en décompter les syllabes. Les habitudes, les conventions, les automatismes, ceux qu'on accepte bien, ceux qu'on accepte moins bien, la vie porte à coche, tant de réflexions muettes et de résultats équilibrés.

Il raconte les toiles d'araignées, la femme de ménage pour 10 heures par semaine et l'évier qui colle encore. Le travail, c'est un esclavage, tu gagnes ta première paye et tu t'achètes une maison, alors après tu rembourses et tu dois encore travailler, tu gagnes et des gens comptent sur toi, c'est sans fin.

Puis retour à la normale.




jeudi 24 juillet 2008

Touffe




Aujourd'hui, jeudi 24 juillet, un peu grâce à ma cops Elixie, et un peu beaucoup grâce à moi aussi, je me retrouve en homepage de Ladies Room. Journée fiction, journée gros bidon, journée dédiée à la mémoire des diplodocus dont le sang, toujours, coule dans nos veines et emplit nos mémoires.

Pour les bermudas qui se traînent, et en attendant qu'on m'offre de la coke gratuitement, il y a toujours les séances de rattrapage ici.








Andras Kallai. Fat Barbie. 2006

mercredi 23 juillet 2008

Ode à Bertrand D. saint patron des vélib'




Ça va peut-être paraître fou, mais hier je suis sortie dehors (avec un petit nain) et j'ai appris une information relativement incroyable : l'inscription à toutes les bibliothèques de la Ville de Paris et l'emprunt de livres sont gratuits. Et sans justificatif de domicile ni de visite médicale. Soit pour cet été, et sur tout le réseau d'établissements : 40 livres pour 6 semaines.

Oui, cela valait de propager la nouvelle, et de trouver une excuse pour mettre une photographie de fennec.



Miette

Je ne lis pas la presse et je me fous des actualités. Une fois la chose avouée, les réactions d'inconnus (soit environ 99% de mon environnement humain) varient des yeux interloqués – mais comment tu fais ? à l'air entendu – mais tu prends tout en ligne ! Non, même pas, je m'en fous, sincèrement, je ne ressens pas de besoin de savoir ce qui se passe dans le monde, l'information passive d'une radio allumée par paresse fera toujours l'affaire de dose minimale de coïncidence sociale. Déjà trop.

Mais hier, la sérendipidité juilletiste fait que je tombe sur une vidéo montrant un terroriste palestinien qui, après avoir harponné à coup de bulldozer un bus, se faire abattre par un soldat qui achevait le travail d'un civil armé passant par là. Parenthèse ouverte : je me fous aussi des problèmes du Proche-Orient. Si j'étais président du monde, je nucléariserais la zone et laisserais tranquillement les moutons à cinq pattes brouter du maïs irradié. Parenthèse fermée.

Autre hasard d'un bulbe rachidien échauffé, je me rappelle une scène de Valse avec Bachir, où un blindé israélien passe dans une rue libanaise, sans faire peu de cas des voitures garées et autres coins de rue à mesure de virage. C'est idiot les réflexes de crâne, la prochaine fois je boufferai une madeleine.




vendredi 18 juillet 2008

Précaire

Trouve-toi un vrai travail, qu'il disait. Un vrai travail, avec le terme appuyé. Du genre avec des horaires dedans et des repères thermoformés. Parce que c'est bon pour toi, au fond, et te lever tous les jours à la même heure ne te fera pas de mal.

Aujourd'hui, il est d'usage de dire que les valeurs collectives battent de l'aile. Et cela me plaît, parce que je suis individualiste. Tu n'es rien, ta patrie est tout, et si tu pouvais aller te faire foutre, aussi, s'il te plaît, après toi. Mais j'y vois de la poudre aux yeux. Rien n'est plus respectable qu'un collectif. Pardon pour les croyants, pardon pour les nationalistes, respect pour tes salmigondis de vache à lait. Ton groupe, c'est ton âme, ton identité. Et c'est tellement bon que l'Internet se mette au social, parce qu'après tout, rien n'est plus précieux qu'un lien ! (vous trouverez des serviettes en papier en bas, à droite, au cas où les dégoulinures menaceraient votre corsage). Mais en rang, et deux par deux, avec des règles, parce que sinon tout fout le camp. Nécessité de parquer le bétail.

Oui, c'est de la connerie, de la merde en barre, du mensonge, parce que l'humain est toujours cette petite fiotte apeurée de se retrouver à chier dans ses bottes au milieu de l'océan. Seul. Du style : l'ours polaire en radeau sur son bout d'iceberg, ce pauvre con, qu'il avait l'air piteux. La grosse bosse de la courbe de Gauss, là où ça frétille.

Même si les plus grandes erreurs et les plus grands crimes ont été faits au nom d'un collectif, pas grave, qu'on recommence à la génération suivante ; dans cette naïveté si célèbre de croire qu'on va y arriver, à faire autrement. Mais c'est l'essence sociale de l'humain ! Sans les autres et sans poils, et sans griffes, c'est qu'on crève ! On continue, qu'on rame - prochaine étape : le cimetière.

Le collectif moderne, c'est l'entreprise. Pour ça qu'on y colle des valeurs à respecter et des autels sans encens. Partir en séminaire, ça ne permet pas seulement de sauter la nouvelle directrice des ressources humaines, ça permet surtout de ressentir le collectif, souder la masse, nettoyer les joints et fonder, au final, l'esprit d'entreprise. Esprit d'entreprise mon cul, valeurs d'entreprise mon cul, entreprise mon cul. Pensée du slogan et déculturation normative, esprit critique en impertinence, pauvres cons, laids et cons, à la cafétéria, le plateau en jachère.

Et les yeux mornes devant l'ascenseur, faut bien, pour bouffer. Pour bouffer, non, pour ne pas finir comme la cloche du bas, l'épouvantail en tête coupée d'ouverture de ville. Ou en crécelle, vous comprenez l'effet. Fais attention, si tu arrives à 9h15, c'est la soupe populaire qui t'attend mon gars.

Grosse merde en barre, colombin infini de névroses du similaire. Ne pas être comme les autres est une menace, indéniablement. La miette qui reste dans la chaussette, le moustique qui ne demande rien à personne mais qui termine irrémédiablement explosé entre deux paumes. Car c'est comme ça la vie : il y a l'utile, et il y a le nuisible.

Avec la liberté, comme toujours une putain de maladie que certains chopent par hasard. Qui finira peut-être dans la grande galerie des inadaptations, au côté des dinosaures. Ou pas. C'est ce que j'espère aujourd'hui.




mardi 15 juillet 2008

Redbull et expertise télévisuelle

Tiens, aujourd'hui je tombe (paf) sur Philippe Batel, « addictologue » reconnu pour ses multiples apparitions télévisées qui parle du Redbull au journal de 13h de notre chère France 2 nationale, et qui dit :

« Le Redbull, c'est un peu plus de caféine qu'un expresso mais moins qu'un soda classique »

Je pense que par « soda classique » il entendait « Coca-Cola » (je ne fais que supposer là, hein, soyons clairs).

Donc, hop, hop, comme dans une ancienne vie j'étais spécialiste de ciboulette, ça me trotte que ce n'est pas complètement vrai cette histoire, mais je vais quand même vérifier (déformation professionnelle assez énervante, je le conçois).

Si ma canette de Redbull là, que je suis en train de m'enfiler alors que j'écris ces lignes pour avoir l'air intelligent, contient 32mg/100 ml, cela nous donne du 320mg/l.

Le Coca-cola classique contient lui 34mg de caféine pour une canette de 33cl, ce qui nous donne du 103mg/l – si je sais encore faire une règle de trois.


Résumons :

Si le Redbull contient 320mg de caféine par litre et le Coca-cola 103mg, je pense que l'assertion de M. Philippe Batel selon laquelle « Le Redbull, c'est un peu plus de caféine qu'un expresso mais moins qu'un soda classique » est fausse.

Si je méchoui trompée, les commentaires sont à vous, cher Philippe.


***
Les sources :

- Bunker et al. (1979), Caffeine content of common beverages, J Am Diet Assoc, 74, 1, 28-32
- Lelo et al. (1986), Assessment of caffeine-exposure : caffeine contents of beverages, caffeine intake and plasma concentration of methylxanthines, Clin Pharmacol Ther., 39, 1, 54-59

- http://www.erowid.org/chemicals/caffeine/caffeine_info1.shtml






vendredi 11 juillet 2008

J'ai cherché un titre spirituel mais n'en ai pas trouvé

Il y a quelques jours je publiais ceci en réponse à cela – réponse, oui, non, disons « complément ». Comme il m'arrive d'être charitable, de savoir à quoi sert une fourchette à poisson et ne rechigne pas à donner des lanternes aux aveugles, je me suis dit : allons poster quelque commentaire dans l'espace ad hoc (loin de moi l'envie de troller, je voulais juste, par charité donc, aider cette pauvre Guillemette à y voir plus clair).

Pour commenter sur Rue89 (« site d'information et de débat sur l'actualité, indépendant et participatif ») il faut s'enregistrer. Ok, d'accord, je veux bien, après comme ça ils comptent leurs membres et disent aux annonceurs « tadaaa, voilà, le bandeau en haut à gauche c'est tant et c'est rentable ». De bonne guerre, je dis rien, je fais, docile.

Après mon inscription et mon remplissage de cases, je reçois un mail m'avertissant que mon inscription est « en attente de validation ». Là, je commence à rire. Le site participatif qui te vérifie ton numéro de sécu et ta capacité de postage : ah ah ah. Carrément, ouais.

Dix jours plus tard, toujours pas de validation, soit l'expert est en vacances (c'est à ça qu'on le reconnaît), soit mon profil sent le vin rance. Possible.

N'empêche, comme j'ai aussi l'esprit mal tourné et vois le mal partout (des personnes très haut placées me l'ont dit, donc je les crois, elles portent en elles la crédibilité), je tire des parallèles avec cette affaire-ci ; et rigole encore un peu des explications non-c'est-pas-de-ma-faute apportées à l'époque. Le participatif, c'est cool, tant qu'on participe pas trop à contre-courant et tant qu'on ne s'avise pas trop, à vouloir te mettre le nez dans ton caca, à finir par te faire comprendre que ça pue.

Entre temps, j'ai reçu pas mal de mails m'annonçant le début de la fin, et Rue89 outragé, et Rue89 brisé, et Rue89 martyrisé par des attaques contre X contre off, mais Rue89 libéré par les initiatives citoyennes et autres groupes facebook de la bonne cause en colère.

Je ris de plus belle et fais : ah ah ah ah ah.



mardi 8 juillet 2008

Compost

Longtemps (non je ne me suis pas couchée de bonne heure, ah ah, ça commence bien), j'ai été dégoûtée de la littérature. Pour les datations au carbone 14, faisons remonter la chose en 2002 – dernier commentaire du dernier poème en face d'examinateur payé pour examiner si j'avais tout bien compris le concept de la virgule. C'est que ça laisse des traces ce genre d'études, avec des bêtes à concours et des professeurs aussi froids que de la pisse de chat mort. Au point que dans ma tête, à cette époque-là, je m'imaginais des voies royales, réellement, dans les faits, tapissées de tapis rouges.

Après le traumatisme se comprend facilement : tu as ceux qui passent la barrière, et ceux qui restent derrière les barbelés, se demandant tout de même pourquoi, au contraire des rats, certains n'ont pas proposé leur corps en guise de courte échelle. Car à toute chose, malheur est bon, c'est le genre de sentences qu'on te ressort comme une soupe de la veille, en te disant, tu verras, tu comprendras, plus tard, que toutes les paillettes n'avaient pas valeur d'or.

Très vite, en effet, la leçon colle au cortex. Ça ne voulait rien dire, tous ces coups de règle à la volée : personne n'en sait rien pourquoi telle rime chez Rimbaud, il suffisait d'écrire un peu pour saisir l'inanité sonore (oh la la, non, stop). Et même si Umberto Eco avait bien tenté de leur faire comprendre qu'un mythe de lecteur idéal, c'est tout juste bon à enculer les mouches, ils continuaient et continuent encore à sortir du sens à la pelle. Sens le vent de l'amer, petite sotte aigrie, le tapis t'as été retiré sous les pieds, ce remède hasardeux de contagion nauséeuse ne trompe personne. S'il en faut.

Aux prophètes des intentions cachées, sachez que, oui, je continue à penser que la très grande majorité des études littéraires est faite par et pour des graphomanes en vacances. Du genre pathologiquement malades de trouver des explications à tout, et bien sûr qu'on préfère les auteurs morts (dois-je ici expliquer ?). Et te donner du froncement de sourcil n°452, parce que vraiment, non, à côté de la plaque. Les mêmes, ouais, à te faire aujourd'hui le couplet que tout va à vau-l'eau et que tout perd sa place, en particulier, en ce qui concerne, les marques de ponctuation. De la grosse merde en barre, et cela même s'il était facile, je confesse, en ajoutant « souffle métaphysique » de m'assurer la moyenne presque à chaque coup.

N'empêche, l'info, puisqu'il y en a une, c'est que je me remets à lire tout doucement des ouvrages qui ne seraient, ni du sous-genre, ni des manuels pour laborantins défroqués (dont je ne pense, pour le coup, jamais me lasser). Pour le plaisir, ouais, on sait, la notion est éculée.





jeudi 3 juillet 2008

Ne montre pas trop que tu es désespérée, ça pourrait faire fuir le client

Cela fait plusieurs jours que je veux écrire quelque chose, ici, sur le débat actuel au sujet des mères porteuses. Le genre de sujet où, dans un barbecue de dimanche, à digérer sur ta chaise en plastique, tu auras toujours quelqu'un pour te sortir un avis définitif sur la question. Un avis forcément outré et plein de sourcils, tout fout le camp :

dans notre marigot
nous allons
faire des bulles

Mon avis personnel, même si à raison tout le monde s'en fout, est que la gestation pour autrui ne me pose aucun problème. Que celles qui veulent se faire payer le fassent, que celles qui veulent gestationner pour les autres jusqu'à ce que leur utérus leur tombe aux chevilles le fassent, que celles qui veulent charitabiliser charitabilisent, tout cela est très bien. Youpi. Tu as compris, lecteur, que je suis une ado rebelle attardée pensant que le meilleur des mondes serait celui où chacun pourrait faire ce qu'il désire. Et que je manque aussi pas mal de repères aussi, c'est certain. Allez va, dans peu de temps tu t'en retourneras en disant que je suis une grande malade.

Alors je me suis fadé les 119 pages du rapport sénatorial, heureuse quand même que Marcela Iacub y ait été lue et mentionnée, toujours profondément étonnée qu'on demande leur avis à des cléricaux, de tous bords possibles, histoire que ça fasse mousser le politiquement correct, abasourdie aussi par tant d'enculage de mouches. Bref.

Oui c'est un début, blabla, oui c'est un petit pas vers la sortie de ces hystéries de marchandisation des corps et de dignité de l'être humain en tant qu'homme qui est ce qu'il est. Oui, oui, certes, mazeltov. Mais tout cela avance si lentement, que j'en viens à me demander si mon éternité suffira pour voir les choses changer.